Le candidat républicain à la Maison Blanche a de nouveau suscité la controverse avec des propos ambigus, interprétés par certains comme un appel à la violence contre son adversaire démocrate Hillary Clinton, en tête dans les sondages.
À la traîne dans les sondages, Donald Trump essaye de rester loin de toute polémique. C'est peine perdue : le candidat des Républicains à la présidentielle américaine de novembre est de nouveau au cœur d'une tempête médiatique pour des propos tenus lors d'un meeting de campagne, mardi 9 août.
Le milliardaire a laissé entendre que seuls les défenseurs du port d'arme étaient à même de stopper la candidate démocrate Hillary Clinton, une déclaration interprétée par de nombreux médias et observateurs comme un appel à user de la violence pour arrêter son adversaire, qui le devance de 7 à 9 points dans les intentions de vote.
"Langage dangereux"
"En gros, Hillary veut abolir le second amendement" de la Constitution, qui garantit le droit de posséder des armes, a déclaré Donald Trump lors d'une réunion électorale à Wilmington, en Caroline du Nord. "Si elle a la possibilité de choisir ses juges [à la Cour suprême, NDLR], il n'y a rien que vous puissiez faire, les gars [...] Quoique, avec le second amendement, peut-être qu'il y a une solution, je ne sais pas", a-t-il ajouté, laissant sa phrase en suspens.
"Une personne qui cherche à devenir président des États-Unis ne devrait pas lancer un appel à la violence sous quelle que forme que ce soit", a réagi le directeur de campagne de Hillary Clinton, Robby Mook, en accusant Donald Trump d'utiliser un "langage dangereux".
Chris Murphy, sénateur démocrate du Connecticut, où 20 enfants ont été abattus dans une école par un déséquilibré armé d'un fusil-mitrailleur en 2012, s'est dit dégoûté. "Ce n'est pas un jeu, des gens instables armés de puissantes armes à feu et une haine irrationnelle pour Hillary vous écoutent, @realDonaldTrump", a tweeté le sénateur. "Abject", a renchéri le parlementaire démocrate David Cicilline.
Des critiques sont également venues du camp républicain. L'ex-directeur de la CIA Michael Hayden a qualifié ces propos d'"extrêmement saisissants", qui "suggèrent soit une référence de très mauvais goût à un assassinat politique et une tentative d'humour, soit un incroyable manque de sensibilité".
La NRA à la rescousse
Michael Hayden fait partie des 50 républicains ayant exercé d'importantes fonctions dans l'appareil américain de sécurité nationale qui ont dénoncé lundi l'ignorance et l'incompétence de Donald Trump. Dans une lettre ouverte publiée dans le New York Times, ils ont estimé que le milliardaire serait "le président le plus dangereux de l'Histoire américaine".
Face au déferlement de critiques, l'équipe de campagne de Donald Trump a publié un "communiqué de la campagne Trump sur les médias malhonnêtes". Elle y affirme que le milliardaire voulait dire que le groupe très soudé de défenseurs du port d'armes empêcherait Hillary Clinton d'être élue en votant massivement pour lui. "On appelle cela le pouvoir de l'unification. Les partisans du deuxième amendement sont animés d'un formidable esprit et sont très unis, ce qui leur donne un grand poids politique."
Et l'ancien maire de New York Rudolph Giulani de lui venir en aide : "Ce qu'il voulait dire, c'est que vous avez le pouvoir de voter contre elle [Hillary Clinton]", a-t-il dit lors d'un autre meeting du candidat républicain en Caroline du Nord.
Le puissant lobby des armes à feu, la NRA, est également venue à la rescousse du magnat de l'immobilier, appelant sur Twitter à soutenir le second amendement et par conséquent à voter pour Donald Trump, déjà empêtré dans une polémique avec les parents d'un soldat américain de confession musulmane.
Seule la Cour suprême serait à même de modifier l'amendement sur le port des armes. L'un des neuf postes est vacant depuis la mort mi-février du juge ultra-conservateur Antonin Scalia, et la Cour est désormais divisée entre quatre progressistes et quatre conservateurs.
Il y a de fortes chances qu'il revienne au successeur de Barack Obama de nommer le nouveau juge, ce qui en fait l'un des enjeux cruciaux de cette présidentielle. Nommés à vie, ces juges ont un pouvoir énorme sur les questions de société.
Avec AFP et Reuters