
Une réquisition judiciaire a été expédiée au centre de supervision de Nice pour que la vidéosurveillance inhérente à l'attentat soit effacée. En pleine polémique sur le dispositif sécuritaire le soir du 14 juillet, la ville a opposé son refus.
Voilà une injonction à laquelle les agents de sécurité de Nice ne s’attendaient pas. Six jous après l'attentat sur la Promenade des Anglais, la sous-direction antiterroriste (SDAT) a demandé officiellement aux personnes qui gèrent la vidéosurveillance de la ville d’effacer complètement les 24 heures d'images provenant de six caméras ainsi que toutes les scènes inhérentes à la tuerie, selon des informations révélées, vendredi 22 juillet, par Le Figaro.
Des révélations rendues publiques en pleine polémique sur les responsabilités dans les failles du dispositif de sécurité lors de l'attentat qui à fait 84 morts le 14 juillet. À la mairie de Nice, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les raisons de cet "empressement". Surtout que ces images sont automatiquement détruites au bout de 10 jours, selon une limite légale.
"Détruire des preuves"
"C'est la première fois que l'on nous demande de détruire des preuves, précise une source proche du dossier au journal. Le centre de vidéosurveillance et la ville de Nice pourraient être poursuivis pour cela et d'ailleurs les agents en charge du dispositif n'ont pas compétence pour se livrer à de telles opérations."
La requête paraît d’autant plus surprenante que la SDAT "a envoyé depuis vendredi dernier des serveurs afin de récupérer les 30 000 heures de vidéosurveillance liées aux événements", peut-on lire dans les colonnes du quotidien.
Nice-Matin rapporte de son côté que, dès le vendredi 15 juillet, les officiers de police judiciaire auraient demandé verbalement au personnel du Centre de supervision urbain d'effacer les images de l'attentat.
Étouffer la polémique sur les failles de la sécurité ?
Le parquet de Paris, qui confirme l’information, justifie la demande de destruction dans le but d’éviter "la diffusion non contrôlée et non maîtrisée de ces images". En clair, les autorités craignent que ces images tombent entre de mauvaises mains et se retrouvent exploitées sur des sites Internet jihadistes à des fins de propagande. Après le 13-Novembre, certaines séquences issues de la vidéosurveillance de plusieurs établissements visés par le commando des terrasses avaient en effet été vendues.
Mais à la municipalité de Nice, l’explication ne convainc pas. Dans le doute, l'avocat de la ville, Me Philippe Blanchetier, a d’ores et déjà indiqué à Nice-Matin que la ville refuserait de se soumettre à cette demande. Le juriste va même demander au procureur de la République de Nice la mise sous séquestre des images "afin de ne pas hypothéquer les éventuelles autres procédures qui pourraient voir le jour au-delà de l'enquête antiterroriste en cours", cite le quotidien local.