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Des œufs de tortues imprimés en 3D pour remonter la filière des braconniers en Amérique centrale

L'ONG Paso Pacifico veut sauver les tortues marines d'Amérique centrale. Alors pour protéger les œufs victimes des contrebandiers, des scientifiques ont mis au point un leurre en 3D contenant un traceur GPS pour repérer les trafics.

Les tortues marines sont en danger. En Amérique centrale, leurs œufs ont la réputation d'être délicieux et surtout aphrodisiaques. Mais cette notoriété a un prix : chaque année, plusieurs milliers de ces œufs sont volés à la nuit tombée sur les plages où les tortues font leur nid, mettant en péril la survie de l'espèce.

Pour lutter contre cette contrebande, l'ONG de protection de l'environnement Paso Pacifico a mis au point de faux œufs en silicone contenant un traceur GPS. Fabriqués grâce à la technique de l'impression 3D, ces leurres de la taille et de la couleur d'une balle de ping-pong seront implantés sur les sites de nidification pour comprendre et stopper les trafics.

En janvier, le projet avait gagné le Wildlife Crime Tech Challenge, un concours d'innovations pour protéger l'environnement. Paso Pacifico et ses partenaires ont reçu une enveloppe de 10 000 dollars (9 042 euros) ainsi qu'une assistance technique pour concrétiser leur idée.

"Nous prévoyons de tester les œufs lors de la prochaine saison de nidification", a déclaré Eduardo Boné-Morón l'ancien directeur général de Paso Pacifico, sur Takepart. Un essai qui aura donc lieu dans les prochains jours, puisque la prochaine arribada – nom donné à la nidification massive des tortues marines – a lieu en juillet.

L'ONG prévoit de glisser les leurres sur des sites connus pour être des repaires de braconniers. "Il sera très facile pour eux de ramasser un de ces œufs sans s'en rendre compte", assure Kim Williams-Guillén, directrice de la conservation pour Paso Pacifico, au Washington Post.

Avec leur innovation, Paso Pacifico espère mettre au jour les réseaux de trafic d'œufs de tortue. L'ONG souhaite cartographier le circuit de la contrebande. Elle ne veut pas se focaliser sur les braconniers eux-mêmes, qui ne gagnent qu'entre 0,50 et 2 dollars par œufs alors qu'ils sont vendus jusqu'à 20 dollars dans les bars, mais plutôt sur les destinations des œufs et les organisateurs du trafic. Les données récoltées seront transmises aux forces de l'ordre qui auront alors toute latitude pour agir.

L'ONG n'en est pas à son coup d'essai pour protéger les tortues. Elle avait créé en 2008 au Nicaragua une brigade de "Turtle Ranger" visant à surveiller et protéger des braconniers les sites de nidification. L'ONG estime que sans cette protection 90 % des œufs seraient fauchés chaque année.

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