Le Tour de France, sous le choc de l'attentat de Nice, a vécu en sourdine le contre-la-montre de l'Ardèche, favorable vendredi au maillot jaune, le Britannique Chris Froome, classé deuxième de cette 13e étape derrière le Néerlandais Tom Dumoulin.
Au bout des 37,5 kilomètres séparant Bourg-Saint-Andéol de la Caverne du Pont-d'Arc, Froome a porté un grand coup à ses rivaux pour la victoire finale, distanciant de plus de deux minutes le grimpeur colombien Nairo Quintana.
Froome n'a été devancé que par Dumoulin, un spécialiste du "chrono" qui sera le favori de l'exercice aux JO de Rio (5-21 août). Et il a porté son avance au classement général à 1 min 47 sec sur le Néerlandais Bauke Mollema, désormais deuxième, et à 2 min 45 sec sur le Britannique Adam Yates.
Les poids légers, handicapés par leur gabarit, ont payé cher sur le parcours balayé par le vent, de côté le plus souvent et de face dans la dernière côte.
Le Français Romain Bardet a cédé près de trois minutes à Froome, l'Italien Fabio Aru, vainqueur de la Vuelta, près de trois minutes et demie.
"J'ai limité les dégâts", a estimé Bardet, qui a reculé de deux places au classement (derrière Valverde et Van Garderen). "J'ai perdu un peu trop de temps", a soupiré Aru, relégué désormais à plus de cinq minutes de Froome.
Quintana, lui aussi, n'a pu que constater l'ampleur de la perte: "Je suis à 3 minutes au général, je suis assez loin. Il reste beaucoup de montagne. Je vais essayer d'attaquer, j'espère avoir les jambes."
'Jour de deuil'
Sur le podium, les lauréats du jour (vainqueur d'étape, porteurs de maillots distinctifs) ont observé une minute de silence par respect pour les victimes de Nice, une tragédie apprise par la plupart des coureurs à leur réveil.
"Jour de deuil pour le Tour de France", avait annoncé dès le matin son directeur Christian Prudhomme, qui a maintenu l'étape après concertation avec les plus hautes autorités de l'État. La sobriété a été de mise tout au long de la journée, à l'exemple de la caravane qui a défilé en silence sur le parcours.
Les concurrents du Tour sont entrés ensuite dans leur bulle, sportivement parlant. À l'exception du champion de France du contre-la-montre, Thibaut Pinot, malade, qui s'est retiré vendredi matin et s'est soumis à des examens médicaux.
Entre Bourg-Saint-Andéol et la Caverne du Pont-d'Arc, plusieurs coureurs sont tombés ou ont frôlé la chute en raison des rafales.
"Il ne fallait pas faire d'erreur sur le choix du matériel", a estimé le Suisse Fabian Cancellara, quadruple champion du monde de la discipline, nettement distancé à l'arrivée, tout comme l'Allemand Tony Martin, trois fois titré.
"Journée à deux visages"
Tom Dumoulin s'est montré supérieur de bout en bout. Tant dans la côte de départ, longue de 7 kilomètres, que par la suite. Il a remporté son deuxième succès dans le Tour, cinq jours après celui d'Arcalis (Andorre), à l'arrivée la plus haute de cette édition.
Le Néerlandais (25 ans) a bouclé la distance à la moyenne de 44,7 km/h, preuve de la difficulté de ce parcours.
"C'est une journée à deux visages. Je me suis réveillé dans la tristesse après ce qui s'est passé à Nice, c'est atroce. Mais je crois que courir aujourd'hui a été une bonne décision", a déclaré le vainqueur du jour.
"Nous ne pouvons pas laisser des terroristes décider de notre façon de vivre", a ajouté le Néerlandais, touché au cœur comme l'ensemble du peloton.
Froome, pour sa part, a refusé de répondre à toute autre question que celles portant sur le sanglant attentat perpétré à Nice, à quelques kilomètres de sa résidence monégasque.
"Je m'entraîne souvent sur ces routes. Voir la Promenade des Anglais avec des corps partout, cette scène d'horreur… Nos pensées vont aux gens qui ont été touchés par cette tragédie", a déclaré le maillot jaune.
Sur le plan sportif, samedi, la 14e étape s'annonce favorable aux sprinteurs, dans le couloir rhôdanien, entre Montélimar et le Parc des Oiseaux près de Villars-les-Dombes (Ain).
Avec AFP