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Dans un rapport, Amnesty International a dénoncé, mercredi, la violation des droits de l'Homme en Égypte. L'ONG a exposé une dizaine de cas de "disparitions forcées" depuis début 2015, visant à "éliminer la contestation pacifique".

Le rapport est accablant. Amnesty International dénonce "une multiplication des disparitions forcées sans précédent depuis le début de 2015" en Égypte et le recours à la torture pour "éliminer la contestation pacifique", appelant la communauté internationale à faire pression sur les autorités pour faire cesser ces violations.

"Nous parlons de 3 à 4 personnes qui font l'objet d'une disparition forcée par jour depuis 18 mois", dénonce sur France 24 Aymeric Elluyn, chargé de campagne "armes et impunité" à Amnesty France qui rappelle que le principe de la chose est d'être "soustrait au regard de ses proches et de la protection de la loi afin qu'une pression soit exercée, notamment avec des actes de torture, et d'extirper des aveux incriminants". 

Le rapport publié le 13 juillet note que ces disparitions sont devenues des "instruments clés de la politique d'État en Égypte. Toute personne qui ose exprimer des critiques est en danger", déplore l'ONG, qui accuse la police d'avoir recours à ces méthodes "afin d'intimider les opposants". Le rapport expose 17 cas individuels, cinq étant des mineurs. Les victimes ont été "maintenues en détention au secret pour une période allant de plusieurs jours à plusieurs mois".

Des cas de tortures sur mineurs

L'ONG, basée à Londres, cite notamment le cas de Mazen Mohamed Abdallah, victime "de très graves violences" en septembre 2015, alors qu'il était âgé de 14 ans. "Il a notamment été violé à plusieurs reprises avec un bâton, afin qu'il fasse de faux aveux", affirme l'organisation.

Aser Mohamed, un autre adolescent lui aussi âgé de 14 ans au moment de son arrestation en janvier, "a été frappé, a reçu des décharges électriques sur tout le corps et a été suspendu par les bras et les jambes afin qu'il fasse des ‘aveux’", ajoute l'ONG.

Les autorités égyptiennes nient régulièrement avoir recours à la torture, reconnaissant seulement des "incidents isolés" dont les responsables sont traduits en justice, affirment-elles. Mais selon Amnesty, il y a une "collusion" entre les forces de sécurité et les autorités judiciaires, "qui sont disposées à mentir pour couvrir leurs agissements ou qui s'abstiennent d'enquêter sur les allégations de torture".

Plus de 250 cas de disparitions forcées liées au ministère de l'Intérieur

"La lutte contre le terrorisme" sert de "prétexte pour enlever, interroger et torturer les gens qui contestent la politique des autorités", a souligné Philip Luther, directeur d'Amnesty international pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.

Le Conseil national des droits de l'Homme, un organe étatique, avait annoncé début juillet avoir recensé 266 cas de disparitions forcées liées au ministère de l'Intérieur entre avril 2015 et mars 2016.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est régulièrement accusé par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un pouvoir ultra-répressif en Égypte depuis qu'il a destitué, en 2013, son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi.

Avec AFP