
Le cessez-le-feu ordonné à Juba, lundi, par le président Salva Kiir et l'ex-rebelle Riek Machar, semble respecté. Au moins 36 000 civils de la capitale du Soudan du Sud ont néanmoins dû fuir les affrontements depuis vendredi.
Après cinq jours de violents combats meurtriers, une fragile accalmie plane sur Juba, la capitale du Soudan du Sud, ce mardi 12 juillet. L’appel au cessez-le-feu lancé la veille par le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar – son grand rival – semble respecté.
Ce mardi, les armes sont restées muettes entres forces loyalistes et ex-rebelles. Aucun coup de feu ou tir d'artillerie n’a été entendu et aucun hélicoptère de combat n'était visible dans le ciel de Juba, selon un correspondant de l'AFP sur place. L'aéroport de la capitale reprenait même timidement ses activités.
"Nous restons sur le qui-vive car tout peut arriver", a toutefois affirmé un habitant de Juba souhaitant conserver l'anonymat. "Nous avons déjà eu ce cas de figure par le passé : nous pensions que tout irait bien, mais ce n'était pas le cas".
Trente-six mille déplacés
Il y a en effet des rumeurs de combats, ailleurs dans le pays, "mais rien n'indique à ce stade qu'ils sont liés à ceux de Juba", a déclaré Joseph Amanya, un responsable de la branche locale de l'ONG Transitional Justice Working Group.
Pour l’heure, les violences ont contraint au moins 36 000 personnes de la capitale à fuir leurs foyers. Vanessa Huguenin, une porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) précise que ce chiffre risquait d'évoluer en raison de la volatilité de la situation. Ces personnes – en majorité des femmes et des enfants – ont fui les affrontements et se sont réfugiées dans les sites de protection des civils de la Minuss (mission de l'ONU au Soudan du Sud) et d'autres endroits de la capitale, dont des églises et des écoles.
"Toute interruption des combats est bonne à prendre, même pour un jour, mais savoir si ce cessez-le-feu va tenir, c'est une autre question", a souligné Rashid Abdi, spécialiste de la région pour l'ONG International Crisis Group.
De vendredi soir à lundi, Juba a été le théâtre d'affrontements meurtriers entre forces fidèles au président Salva Kiir, et ex-rebelles du vice-président Riek Machar. Aucun bilan des quatre jours de combats n'est disponible, mais la plupart des acteurs s'accordent à dire que "des centaines" de personnes ont été tuées dans cette nouvelle flambée de violence, qui a coïncidé avec le cinquième anniversaire de l'accession à l'indépendance du pays.
Accord de paix en péril
Parallèlement à l'annonce du cessez-le-feu, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réclamé "un embargo immédiat sur les armes" destinées au pays, de nouvelles "sanctions ciblées" contre les fauteurs de troubles et appelé à "renforcer la mission de l'ONU au Soudan du Sud" en la dotant notamment d'hélicoptères de combat.
Car ces affrontements ont mis en péril l’accord de paix signé le 26 août 2015 entre les camps ennemis Kiir/Machar. Ce conflit, alimenté par les tensions entre Nuers et Dinkas, ethnies respectives de Riek Machar et de Salva Kiir, a éclaté en décembre 2013 quand le second a limogé le premier. Il a fait plusieurs milliers de morts et deux millions de déplacés.
Dans le cadre de l'accord de paix, les deux rivaux se sont engagés à partager le pouvoir. Salva Kiir occupe la magistrature suprême et Riek Machar a été nommé vice-président après son retour à Juba, en avril, avec un fort contingent d'hommes armés.
Avec AFP