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Pour le Quartette, colonisation et violences sapent les chances de paix entre Israéliens et Palestiniens

Israéliens doivent cesser leur colonisation, tandis que Palestiniens doivent mettre un terme aux violences, affirme un rapport publié vendredi par le Quartette sur le Proche-Orient, qui estime que la solution à deux États est en danger.

Le Quartette sur le Proche-Orient a exhorté, vendredi 1er juillet, Israël et les Palestiniens à renoncer respectivement à la colonisation et à la violence, qui minent actuellement les chances de paix et une solution à deux États.

Les colonies israéliennes, les démolitions de maisons palestiniennes et la confiscation de terrains par Israël "sapent la viabilité de la solution à deux États", c'est-à-dire Israël et un État palestinien coexistant pacifiquement, estiment dans un rapport très attendu les États-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'ONU, qui composent le Quartette.

"Cela soulève des questions légitimes sur les intentions à long terme d'Israël, qui sont exacerbées par les déclarations de certains ministres israéliens disant qu'il ne devrait jamais y avoir d'État palestinien", poursuit le rapport.

Fruit d'un consensus après plusieurs mois de préparation où chaque mot a été pesé, ce rapport de huit pages a pour objectif de relancer le processus de paix, dans l'impasse depuis avril 2014.

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a immédiatement rejeté cet appel, qualifiant de "mythe" l'idée que la colonisation israélienne des territoires palestiniens sape la paix.

Regain de violences depuis début octobre

Des violences secouent depuis début octobre les Territoires palestiniens, Israël et Jérusalem. Rien que depuis jeudi, quatre attaques ont été menées par des Palestiniens, dont l'une a coûté la vie à une adolescente israélo-américaine de 13 ans poignardée dans son sommeil dans une colonie proche de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Face aux nouvelles attaques, le gouvernement israélien a annoncé des mesures de rétorsion, dont le bouclage de Hébron, où des centaines de soldats seront déployés.

Au total, ces violences ont à ce jour coûté la vie depuis octobre à 214 Palestiniens, 34 Israéliens, deux Américains, un Érythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP.

Le Quartette avance lui qu'au moins 140 Palestiniens ont perdu la vie depuis octobre, dont 60 ont été tués par les forces israéliennes au cours de manifestations, de heurts ou d'opérations militaires.

Le rapport déplore par ailleurs que les dirigeants palestiniens "ne condamnent pas clairement et systématiquement les attaques terroristes spécifiques" tandis que des rues et places ont été renommées en l'honneur de Palestiniens ayant perpétré des violences.

"L'Autorité palestinienne devrait agir de manière décisive et prendre toutes les mesures nécessaires possibles pour faire cesser l'incitation à la violence et renforcer les efforts actuels pour combattre le terrorisme, y compris en condamnant fermement tous les actes de terrorisme", écrit le Quartette.

Parmi les facteurs "minant sérieusement les espoirs de paix", le Quartette cite justement "la violence continue, les attaques terroristes contre les civils et l'incitation à la violence".

L’enjeu de la situation de Gaza

Le Quartette demande également à Israël de lever le blocus de Gaza et appelle à la restauration du contrôle de l'Autorité palestinienne sur Gaza, aux mains du Hamas.

"L'armement illégal et les activités militantes, l'absence persistante d'unité palestinienne et la situation humanitaire extrême à Gaza nourrissent l'instabilité et, en définitive, freinent les efforts pour parvenir à une solution négociée", écrit le rapport.

"Le Quartette réitère qu'une solution négociée à deux États est la seule façon de parvenir à une paix durable qui satisfasse les besoins d'Israël en matière de sécurité et les aspirations des Palestiniens à un État indépendant et souverain", poursuit le rapport.

Quelque 570 000 colons vivent actuellement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est – dont les Palestiniens espèrent faire la capitale d'un futur État. Les Nations unies ont déclaré les colonies illégales.

Un rapport approuvé par Washington

Les diplomates relèvent que le document a d'autant plus de poids qu'il est approuvé par les États-Unis, premier allié d'Israël, qui ont tenté en vain de relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens, gelés depuis avril 2014, dans un climat de défiance entre Barack Obama et Benjamin Netanyahou.

À Washington, un responsable du département d'État a même réagi à la publication du rapport avec une mise en garde. "Bien que les dirigeants des deux parties assurent qu'ils soutiennent une solution à deux États, s'ils continuent comme ils le font actuellement, cette perspective va s'éloigner de plus en plus", a-t-il dit sous couvert d'anonymat.

"Nous sommes vraiment inquiets du fait que, sans changements importants, une solution à un seul État risque de devenir une réalité, et cela ne bénéficiera à aucune des deux parties", a-t-il poursuivi.

"J'espère que ce rapport servira de signal d'alarme pour les dirigeants israéliens et palestiniens", avait déclaré l'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov à l'AFP à la veille de sa publication. "Une occupation sans fin est le chemin le plus sûr vers une catastrophe", avait-il ajouté.

Selon l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont exprimé jeudi un "fort soutien" à la proposition de la France de réunir une conférence internationale d'ici la fin de l'année.

Avec AFP et Reuters