
À l'occasion du centenaire de la bataille de la Somme, un nouveau musée a ouvert ses portes à Thiepval, près du mémorial franco-britannique. Ce lieu est dédié aux terribles combats de 1916 et rend un hommage tout particulier aux disparus.
L’enfer dessiné au crayon. Avec sa fresque de plus de 60 mètres de long, Joe Sacco nous fait revivre le 1er juilllet 1916 la bataille de la Somme. Des préparatifs de l’artillerie, en passant par l’assaut final en sortant des tranchées, jusqu’à l’agonie des soldats sur le champ d'honneur, le journaliste-dessinateur américain nous replonge heure par heure avec une minutie terrifiante au coeur de cette journée,la plus sanglante dans l’histoire de l’armée britannique avec près de 20 000 morts. "C’est vraiment notre tapisserie de Bayeux sur la bataille de la Somme", commente fièrement Hervé François, le directeur de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne.
Pour son nouveau musée situé à Thiepval, près du mémorial franco-britannique, et qui a ouvert ses portes début juin, l’Historial a choisi de mettre tout spécialement en avant cette fresque de Joe Sacco, initialement publiée dans un livre en 2014. "C’est vraiment une fenêtre ouverte sur la bataille. On découvre l’âpreté des combats, la masse des pertes. Quand vous regardez dans le détail, il y a des images assez terribles, des soldats pulvérisés, des corps explosés", insiste Hervé François.
Pour frapper les esprits des visiteurs, le musée adopte ainsi une démarche plus contemporaine. Les collections pléthoriques de casques, ou autres fusils poussiéreux cèdent la place à une immersion moderne et au goût du jour. Ecrans vidéos, cartes interactives, le dernier né des musées de la Première Guerre mondiale offre sur 450m2 une approche multimédia, même si les objets de collections n’ont pas été oubliés.
Rendre hommage aux disparus
À l’occasion du centenaire de la bataille, le département de la Somme a décidé d’améliorer l’accueil des touristes français et étrangers dans la région en construisant ce nouveau lieu. "Il existait déjà un centre d’interprétation ici-même, mais il manquait vraiment dans le paysage un musée consacré à la bataille de la Somme, la plus grande du front occidental avec 1,2 millions de victime, plus qu’à Verdun et dans un temps plus ramassé entre juillet et novembre", explique Hervé François.
Chaque année, entre 300 000 et 400 000 visiteurs se rendent ainsi sur le site de Thiepval, la plupart en pèlerinage. Le mémorial, l’un des plus imposants monuments commémoratifs au monde, recense en effet les noms de plus de 72 000 soldats disparus dans les combats. Le nouveau musée leur consacre d’ailleurs tout un espace. Des dizaines de photos de jeunes hommes en uniforme, souriants et plein d'espoir, s’affichent sur les murs. Juste à côté, une salle plus intimiste remplies de reliques personnelles et aux allures de chapelle rend compte du deuil et du malheur des familles broyées par la guerre.
Mais avec un énième lieu consacré à la Grande Guerre, ne risque-t-on pas l’effet de saturation auprès des touristes ? "C’est toute la question de l’après", répond le directeur de l’Historial. "L’enjeu est de faire vivre les musées après le centenaire. Il y a la question du travail de mémoire, mais aussi la dimension historique. Ce genre de lieu est important pour rappeler ce qu’a été cette guerre et pour faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes quelles ont été les causes et les terribles conséquences de ce conflit. La Première Guerre mondiale est la matrice de l’histoire du 20e siècle".