Cécile Brossard, reconnue coupable du meurtre de son amant, le banquier suisse Edouard Stern, tué en 2005 lors d'ébats sado-masochistes, a été condamnée par la Cour d'assises de Genève à huit ans et six mois de prison.
AFP - La Française Cécile Brossard a été condamnée jeudi par la Cour d'assises de Genève à 8 ans et 6 mois de prison, pour le meurtre de son amant le banquier Edouard Stern, tué de quatre balles tirées à bout portant le 28 février 2005 lors d'ébats sado-masochistes.
A l'issue de sept jours de débats d'une grande intensité, le jury a souligné le caractère "particulièrement lâche" du meurtre commis sur un homme désarmé, mais a tenu compte des "regrets profonds" de l'accusée, de son "enfance difficile" et du comportement "humiliant, harcelant et cruel par moments" de son amant avec qui elle entretenait une "liaison tumultueuse".
Le procureur général Daniel Zappelli avait dans la matinée requis onze ans de prison contre Mme Brossard. Les avocats de l'accusée avaient demandé aux jurés une "peine de compassion" qui lui permette de sortir "le plus vite possible" de prison "pour pouvoir se reconstruire et se soigner".
Cécile Brossard, qui encourait une peine maximale de 20 ans, devrait sortir en liberté conditionnelle d'ici à la fin 2010 par le jeu des remises de peine, après avoir déjà effectué plus de quatre ans de détention préventive. Elle peut également espérer bénéficier d'une mesure de semi-liberté d'ici à la fin de l'été 2009, selon ses avocats.
Le "profond désarroi et l'émotion violente" auquel était en proie l'accusée lors du meurtre ont également été pris en compte pour fixer la peine de prison.
L'appât du gain n'était pas le mobile de l'accusée, dont les sentiments amoureux pour le richissime banquier français quinquagénaire étaient "sincères", ont estimé les jurés.
Avant que le jury ne se retire pour délibérer, Cécile Brossard, en pleurs, avait de nouveau demandé pardon à la famille de son amant et promis de protéger "pour l'éternité" la mémoire du banquier. "Je cacherai tout ce que je pourrai sur Edouard", a-t-elle assuré.
Conformément à l'expertise psychiatrique, la personnalité "borderline" (limite) de Cécile Brossard, aujourd'hui âgée de 40 ans, atténue "légèrement" sa responsabilité, a reconnu le jury. Celui-ci a insisté pour que l'accusée poursuive son traitement psychiatrique, en détention et après sa sortie de prison.
Les jurés ont accordé à la famille Stern le franc suisse symbolique pour "tort moral". Ils ont ordonné "la destruction de l'arme, de la combinaison de latex (dont était revêtu le banquier lorsqu'il a été tué par sa maîtresse, ndlr), ainsi que de tous les accessoires et photos" compromettants saisis durant l'enquête.
Les avocats de la défense comme de la famille du banquier ont annoncé qu'ils ne déposeront pas de recours contre le verdict.
Pour Me Alec Reymond, l'un des avocats de Cécile Brossard, la peine prononcée est "mesurée". Pour les avocats de l'accusée, le verdict prononcé par les jurés genevois "a le goût, la couleur, la substance d'un meurtre passionnel", même si la jurisprudence "très restrictive" a empêché de le reconnaître pour tel comme ils le demandaient.
Du côté de la famille du banquier, Me Marc Bonnant a relevé que ce verdict "est clair et essentiel car il montre qu'Edouard Stern n'était pas responsable de sa mort" et préserve ainsi sa mémoire.
Le corps d'Edouard Stern avait été découvert le lendemain du meurtre, gisant sur le sol de son luxueux appartement genevois, revêtu entièrement d'une combinaison en latex et chargé de liens.
Les circonstances du meurtre ainsi que la personnalité du banquier français, familier du gotha -- dont l'actuel président français Nicolas Sarkozy -- avaient provoqué une tempête médiatique.