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La blogosphère et la presse divisées sur "le cas Harper"

Aux prises avec la crise économique mondiale, le Canada doit aussi faire face à une tempête politique. Le Premier ministre est menacé un mois et demi après le début de son second mandat. Éditorialistes et blogueurs montent au créneau.

A la tête d’un gouvernement minoritaire depuis le 14 octobre dernier, le Premier ministre conservateur, Stephen Harper, n’a pas tardé à susciter le mécontentement à la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement canadien. Son premier grand projet de réforme, une "mise à jour économique" pour faire face à la crise, a aussitôt ligué les trois partis d’opposition contre lui.

Le Parti libéral (centre), le Nouveau parti démocratique (gauche) et le Bloc québécois (indépendantiste) ont en effet décidé de faire fi de leurs divergences (le Bloc québécois souhaite l’indépendance du Québec, les deux autres partis y sont opposés), pour, ensemble, tenter de faire tomber le gouvernement.

Gilles Duceppe, le chef du Bloc québécois à la Chambre des communes, explique sur son blog les raisons qui l’ont poussé à s’allier à ses anciens ennemis : "Dans les moments de crise économique […] il est nécessaire de faire preuve d’ouverture et d’accepter de faire des compromis."

Il conclut son billet en affirmant que cette alliance, pourtant nouée avec deux partis opposés à l’indépendance de la province francophone canadienne, a été scellée "au nom du Québec". Une caricature signée Serge Chapleau, parue dans le journal La Presse, illustre avec humour ce rapprochement inattendu entre Gilles Duceppe et le leader du parti libéral, Stéphane Dion.

Le "canard boiteux" contre le "putschiste"

Côté anglophone, le grand quotidien de Toronto, le Globe and Mail, dénonce la nature même de la coalition anti-Harper : "L’ingouvernable alliance à trois, menée par le canard boiteux M. Dion [du parti libéral] n’est clairement pas le gouvernement le plus prometteur qui soit". L’éditorial conseille à l’actuel Premier ministre de proroger quelques temps le Parlement, le temps que la coalition des trois, en butte à ses contradictions, se disloque d’elle-même.

Autre son de cloche chez le journal francophone québécois, Le Devoir, qui accuse le Premier ministre d’être "le chef d'un parti de pyromanes". Le quotidien de Montréal rappelle que Stephen Harper avait jusque-là été conciliant avec les indépendantistes québécois, mais que désormais "ces efforts ont été ensevelis sous un flot de hargne qui donne raison aux millions de Québécois de ne pas lui avoir servi un mandat majoritaire sur un plateau d'argent."

Parmi la population québécoise, certains semblent en effet prêts à suivre Gilles Duceppe dans sa stratégie d’alliance. C’est le cas des 7 du Québec, des blogueurs francophones qui mettent en garde contre "la tentative de putsch de Stephen Harper", et reconnaissent que si les Québécois ne sont guère enthousiastes à l’idée de voir le libéral Stéphane Dion devenir Premier ministre, "il faudra faire avec, comme diraient nos ados".

Mais Stephen Harper compte aussi des supporteurs sur le Web. Le blogueur Stephen Taylor, un ancien militant du parti conservateur, a imaginé les affiches des films qui pourraient illustrer une victoire de l’alliance des trois. Il s’agit de films d’épouvante.