La romancière et figure du féminisme est décédée dans la nuit de lundi à mardi. Une pluie d'hommages a salué la mémoire de l'auteure de "Ainsi soit-elle", virulent essai sur la condition des femmes.
Benoîte Groult est morte. La romancière et grande figure du féminisme est décédée dans la nuit de lundi à mardi 21 juin à l'âge de 96 ans, à Hyères, où elle résidait.
"Elle est morte dans son sommeil comme elle l'a voulu, sans souffrir", a indiqué sa fille, Blandine de Caunes, citée par l'AFP. "Elle a eu une tellement belle vie", a dit sa fille. "Il y a le choc de la mort mais c'est mieux ainsi car elle n'allait pas très bien", a-t-elle ajoutée.
Née le 31 janvier 1920 à Paris de parents plutôt mondains (son père est décorateur, sa mère, sœur du couturier Paul Poiret, est elle-même styliste), Benoîte Groult, connaît une enfance aisée dans le Paris des années folles. Licence de lettres à la Sorbonne, professorat au cours Bossuet à Paris pendant la guerre, suivi de 10 ans de journalisme à la Radio télévision française (1954-1964) et dans divers magazines : Benoîte Groult mène la vie d'une jeune femme de son époque et de son milieu social. Elle fut mariée trois fois, notamment au journaliste Georges de Caunes et à l'écrivain Paul Guimard, et eut trois enfants.
"C'est par l'écriture que je me suis construite"
Venue à l'écriture à la quarantaine, après avoir fait ses gammes avec sa sœur Flora ("Le Journal à quatre mains", "Le Féminin pluriel", et "Il était deux fois"), elle avait signé seule en 1972 un premier roman, "La Part des choses".
Mais c'est trois ans plus tard, qu'elle s'était révélée avec "Ainsi soit-elle", un essai virulent sur la condition imposée aux femmes. Ce livre-manifeste était devenu un éclatant succès de librairie avec un million d'exemplaires vendus et de multiples traductions.
D'une plume alerte, mordante, elle écrit ensuite plusieurs romans dont "Les Trois-quarts du temps" (1983), récit attrayant dénonçant la phallocratie, puis "Les Vaisseaux du cœur" (1988), une histoire d'amour qui sera un autre succès de librairie. "C'est par l'écriture que je me suis construite de livre en livre", expliquera-t-elle dans "Histoire d'une évasion" (1997), qui mêle souvenirs personnels et parcours de femmes.
En 2006, avec "La Touche étoile", elle s'attaque à un autre tabou, la vieillesse et la mort librement consentie. Elle se fait prosélyte pour l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et juge "notre pays rétrograde". Pour elle, "le refus de la naissance choisie et de la mort choisie, c'est la même idéologie contre la liberté".
"Une grande femme est partie, ses combats perdurent"
Une pluie d'hommages ont salué la mémoire de cette infatigable militante de la cause des femmes. Le président François Hollande a ainsi évoqué dans son communiqué une "belle et grande figure du féminisme".
"Benoîte Groult, c’était un sourire bienveillant. C’était une pensée exigeante. C’était un style ardent." @fhollande https://t.co/Lagnax629p
— Élysée (@Elysee) 21 juin 2016"Femme de culture et d'action, Benoîte Groult fut une éveilleuse de consciences. Par ses livres comme par ses engagements, elle a guidé et accompagné la conquête de chacun des droits qu'elle revendiquait pour les femmes, à commencer par celui de disposer de son corps", poursuit le communiqué de l'Élysée.
Pour l'ex-ministre de la Justice, Christiane Taubira, l'auteure d'"Ainsi soit-elle" a effectué "une époustouflante traversée du siècle, dans la lignée des Immenses".
Benoîte #Groult, une immense écrivaine s'en va. Ses combats demeurent. Ainsi soit-elle.https://t.co/ecDKb0rgNA
— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) 21 juin 2016La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine a notamment dit "adieu à la lumineuse Benoîte Groult". "Les femmes, les féministes lui doivent beaucoup. Une grande femme est partie, ses combats perdurent", a ajouté la ministre sur son compte Twitter.
Avec AFP