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Arrivée en tête du premier tour, Virginia Raggi, la jeune candidate du Mouvement Cinq Étoiles (M5S), pourrait remporter l'élection municipale à Rome, dimanche. Une victoire du parti anti-système représenterait un coup dur pour Matteo Renzi.

Plus de neuf millions d'électeurs sont appelés à voter, dimanche 19 juin, pour le second tour d'élections municipales en Italie qui pourraient voir la jeune candidate de l'inclassable Mouvement Cinq Étoiles (M5S), du comique Beppe Grillo, remporter Rome, la capitale. Une victoire qui constituerait un véritable camouflet pour le président du Conseil, Matteo Renzi.

Avec 35 % des voix au premier tour le 5 juin, Virginia Raggi a en effet 10 points d'avance sur Roberto Giachetti, soutenu par le Parti démocrate (PD, centre-gauche), au pouvoir. La candidate "tire sûrement profit du ras-le-bol des Romains exaspérés par les problèmes endémiques de la ville, le chaos dans les transports publics, le ramassage aléattoire des ordures ou encore les routes défoncées", rapporte Natalia Mendoza, correspondante de France 24 à Rome.

Municipales en Italie : Virginia Raggi, du Mouvement Cinq Étoiles, à l'assaut de Rome

Le parti de Matteo Renzi est également à la peine à Turin, où son maire sortant est lui aussi menacé par une jeune candidate du M5S, et surtout à Milan, la capitale économique du pays, où son candidat Giuseppe Sala (38,5 %) est au coude à coude avec celui du centre-droit, Stefano Parisi (38,4 %).

Une analyse nationale des résultats restera délicate, le M5S étant en tête à Rome mais absent à Naples, Bologne ou Milan et la droite déchirée à Rome mais unie à Milan. Depuis des semaines, Matteo Renzi tente cependant de limiter les enjeux en répétant que "la mère de toutes les batailles" politiques reste pour lui le référendum prévu en octobre sur sa réforme constitutionnelle, sur lequel il s'est engagé à démissionner en cas d'échec.

Absence de cadre

Fondé en 2009 et devenu le deuxième parti du pays avec 25 % des voix dès les législatives de 2013, le M5S, qui pioche ses idées à droite comme à gauche, continue de tisser sa toile aux élections locales en s'appuyant sur la dénonciation d'une classe politique malhonnête.

C'est ce discours que Virginia Raggi a répété à l'envi pendant sa campagne pour la conquête de la capitale italienne, ville croulant sous une dette de 12 milliards d'euros. Reste que l’avocate de 37 ans n’est jamais vraiment entrée dans les détails de son programme ni n’a présenté les têtes de sa future équipe.

Ce dernier point est pourtant crucial : l'absence au sein du parti de cadres ayant déjà fait leurs gammes dans la gestion politique au quotidien est l'une des raisons du bilan mitigé du M5S dans les villes de moindre envergure déjà conquises, comme Parme ou Livourne.

Pour Sergio Romano, éditorialiste au Corriere Della Serra, le M5S utilise "la rancune et le malaise de la société italienne" pour gagner des voix mais exagère son rôle de parti de la dernière chance.

Municipales en Italie : Virginia Raggi, du Mouvement Cinq Étoiles, à l'assaut de Rome

Rupture

Avec ces municipales, "c'est l'avenir de la politique italienne qui est en jeu", observe Natalia Mendoza. À gauche, c'est le leadership de Matteo Renzi qui est jeu et sa capacité à mobiliser l'électorat autour du Parti démocrate." Le scrutin municipal est "destiné à laisser une trace dans la politique italienne, à marquer une discontinuité et une possible rupture de système", a prévenu dans un éditorial le directeur de La Repubblica, Mario Calabresi.

Avec le M5S, "on en arrive à choisir la fraîcheur et la sympathie, à considérer l'inexpérience comme la plus grande des valeurs. Et à l'associer à l'espérance", a-t-il estimé, comparant ses militants aux passagers prenant les commandes d'un avion pour protester contre les retards des vols et les avantages sociaux des pilotes.

En attendant, les principaux pilotes ont déserté le terrain. Pour les derniers meetings avant le "silence électoral" du week-end, Matteo Renzi était en voyage en Russie, Beppe Grillo aux abonnés absents et Matteo Salvini, l'omniprésent chef de la Ligue du Nord, anormalement discret.

Quant à Silvio Berlusconi, qui tente en vain de se maintenir à la tête du centre-droit, il est toujours sur un lit d'hôpital après une opération à cœur ouvert.

Avec AFP