
Responsables politiques du monde entier ont réagi avec émotion au meurtre, jeudi, de la députée travailliste pro-européenne Jo Cox. La campagne du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne a été suspendue.
Le meurtre de Jo Cox, une députée travailliste pro-européenne, tuée par balles jeudi 16 mai dans le nord de l'Angleterre, a fait basculer dans le drame la campagne du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, à une semaine du vote.
En début d'après-midi, un homme a tiré plusieurs balles contre la jeune députée âgée de 41 ans, qui s'est effondrée en sang. Peu après, la police a interpellé le tireur présumé, un homme de 52 ans, décrit par ses voisins comme un "solitaire" et identifié par les médias comme Thomas Mair, un "partisan dévoué" d'un groupe néo-nazi basé aux États-Unis.
Ses motifs n'étaient pas encore connus, mais selon un témoin cité par les médias, le meurtrier aurait crié "Britain first", soit "Le Royaume-Uni d'abord".
Aussitôt l'agression connue, la campagne en vue du référendum du 23 juin, qui voyait le camp en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (dit "Brexit") gagner du terrain avec deux nouveaux sondages jeudi le donnant gagnant, s'est interrompue. Le camp militant pour le maintien de Londres dans l'UE l'a suspendue jusqu'à samedi.

L'ancien maire de Londres et chef de file du camp pro-Brexit, Boris Johnson, a également annoncé qu'il cessait de faire campagne jeudi tandis que David Cameron a annulé un meeting pro-UE prévu dans la soirée à Gibraltar. "La mort de Jo Cox est une tragédie. C'était une députée engagée et bienveillante. Mes pensées vont à son mari Brendan et à ses deux jeunes enfants", a écrit ce dernier sur Twitter. À Gibraltar, le Premier ministre a également salué dans un discours une femme "au grand cœur" qui a "un bilan impressionnant en matière d'aide aux réfugiés".
Le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a salué la mémoire d'une militante et "parlementaire exemplaire" lors d'une veillée en sa mémoire qui a rassemblé des dizaines de personnes près du parlement de Westminster dans la soirée à Londres. "Ce soir, son mari Brendan est effondré et leurs deux enfants ont perdu une maman qu'ils ne reverront plus jamais", a-t-il dit, entouré de collègues en larmes. "Ce qui s'est passé va au-delà de l'horreur", a-t-il ajouté.
Réactions dans le monde entier
Une veillée était également organisée à Birstall, à proximité de la bibliothèque municipale où la députée avait pour habitude de rencontrer ses administrés.
Nombre de responsables européens parmi lesquels les Premiers ministres belge, luxembourgeois, danois et finlandais ainsi que la ministre des Affaires étrangères suédoise, ont présenté leurs condoléances.

Le président français, François Hollande, a fait part de sa "profonde émotion" après l'assassinat de la députée et son Premier ministre, Manuel Valls, a lui aussi réagi : "à travers elle, notre idéal démocratique a été visé".
Le secrétaire d'État américain, John Kerry, en visite à Copenhague, a estimé que c'était "une attaque contre tous ceux pour qui la démocratie importe".
Au Luxembourg, l'Eurogroupe réunissant les ministres des Finances européens a marqué une minute de silence. Et le Fonds monétaire international (FMI) qui devait publier son rapport annuel sur l'économie britannique dans la nuit a décidé de reporter la publication de 24 heures.
En Suède, ce drame a rappelé un très mauvais souvenir. Le 10 septembre 2003, à quatre jours d'un référendum sur l'adoption de l'euro par la Suède, la ministre des Affaires étrangères Anna Lindh avait été mortellement poignardée à Stockholm par un déséquilibré qui avouera, longtemps après, qu'il avait agi par "haine envers les politiciens".
Avant le drame, et alors que la campagne battait son plein, la Banque d'Angleterre rappelait qu'elle considérait le référendum comme le "plus gros risque immédiat" pour les marchés financiers britanniques et mondiaux. Son gouverneur, Mark Carney, a annulé le discours qu'il devait prononcer jeudi soir suite au meurtre de Jo Cox. À Londres, la livre sterling a atteint un de ses plus bas niveaux en dix semaines face au dollar, à 1,4013 dollar.
Avec AFP