Au menu de cette revue de presse française, mercredi 15 juin, l’assassinat d’un couple de policiers, lundi soir, à leur domicile, par un jeune homme se réclamant de l’organisation Etat islamique. Et la neuvième journée de mobilisation contre la loi Travail.
Le + : Recevez tous les matins la Revue de presse de France 24 sur votre iPhone ou sur tout autre mobile. Et également toujours sur votre PC en devenant fan sur Facebook…
A la Une de la presse française, ce matin, l’émotion suscitée par l’assassinat d’un couple de policiers, lundi soir, en présence de leur enfant de trois ans. Un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique.
«Barbarie islamiste», accuse le Figaro, qui rend hommage aux deux policiers assassinés. Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, était commandant de police au commissariat des Mureaux, sa compagne, Jessica Schneider, 36 ans, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie. Tous deux ont été pris pour cible, chez eux, dans les Yvelines, en région parisienne, parce qu’ils étaient membres des forces de l’ordre, «assassinés au nom de Daech», titre le Parisien, qui raconte cet homme et cette femme «connus pour leur professionnalisme, leur gentillesse et leur entrain». Lui, originaire de l’Hérault, passionné de rugby, un policier de terrain qui avait «gravi tous les échelons» et était également père d’un garçon de dix ans, né d’une précédente union. Elle, qui laisse le souvenir d’une collègue «qui mettait du lien entre les gens», d’une maman «qui asseyait son petit bonhomme sur un tabouret au bout du comptoir du restaurant», où elle avait ses habitudes. Ce petit garçon, «indemne», hospitalisé hier en état de choc, «a vécu l’horreur», mais pourra peut-être «apprendre à vivre avec», d’après la psychiatre Muriel Salmona dans Libération. Cette spécialiste de la mémoire traumatique évoque la nécessité, dans les mois qui viennent d’entourer cet enfant d’une «présence continuelle», tout en faisant état de cette difficulté: le deuil que traversent aussi ses proches, les adultes qui vont avoir la charge de le protéger.
L’assassin des deux policiers, Larossi Abballa, était identifié, surveillé, et avait déjà été condamné et incarcéré en 2013 pour association de malfaiteurs dans une entreprise terroriste. D’après Médiapart, il aurait manifesté la volonté de frapper la France dès 2011, notamment auprès d’un de ses amis tenté par le djihad au Pakistan, auquel il aurait écrit, dans un mail envoyé en 2011: «Franchement, tu crois qu’ils ont besoin de nous là-bas? Allah avec sa volonté va nous donner des moyens de hisser le drapeau ici. Il faut commence le taf, (le) nettoyage de kouffars!» - des «mécréants». Des propos aux antipodes du «discours lisse» tenus dans le cadre de son contrôle judiciaire après son incarcération, selon Médiapart, qui évoque la fameuse «taqyia», cet «art» de la dissimulation, qui de Mohamed Merah à Amedy Coulibaly, leur aurait permis de berner les enquêteurs.
Ces policiers se retrouvent sollicités sur tous les fronts. Les membres des forces de l’ordre sont «frappés au cœur», titre la Croix, qui évoque «l’immense émotion des fonctionnaires de la police nationale». Une minute de silence sera observée ce midi dans les services du ministère de l’intérieur, auquel les syndicats de policiers ont demandé à ce que le droit de porter une arme hors service soit prorogé au-delà de la fin de l’état d’urgence. Ils disent souhaiter, aussi, plus de fermeté à l’égard des djihadistes, notamment des mesures administratives à leur encontre, y compris pour ceux qui ont déjà purgé une peine de prison. Ces demandes sont relayées par une partie de la droite et le Front national, selon les Echos, qui relèvent qu’après Charlie, après les attaques du 13 novembre, «au troisième attentat, il n’y a plus de place pour l’unité nationale. A fortiori si près d’une présidentielle». Manuel Valls a en effet dit refuser les mesures d’exception réclamées par l’opposition. Celle-ci demande notamment à ce que tous les djihadistes «fichés S», comme Larossi Abballa, soient enfermés dans des centres de rétention, à titre préventif, comme c’est le cas des malades psychiatriques. Une proposition «inapplicable», selon le Monde, qui rapporte que le Conseil d’Etat est «catégorique»: «selon la Constitution française et la Convention européenne des droits de l’Homme», «il n’est pas possible d’autoriser par la loi, en-dehors de toute procédure pénale, la rétention des personnes radicalisées». «Inapplicable» aussi, selon le Huffington Post, cette fois, la proposition du Front national d’appliquer aux terroristes l’article 411-4 du code pénal, qui prévoit que le fait «d’entretenir des intelligences avec une puissance, une entreprise ou une organisation étrangères en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France», est puni de 30 ans de prison et 450 000 euros d’amende. Le ministère de la justice, qui s’est déjà penché sur cette idée, explique que ce texte «n’a vocation à s’appliquer qu’à des ressortissants français ou militaires servant la France», dans le cadre d’affaires d’espionnage.
A la Une également, la neuvième journée de grèves et de manifestations contre la loi travail, qui s’est terminée dans la violence à Paris. L’Humanité salue la mobilisation, hier, d’un million 300 000 manifestants à-travers tout le pays. «Enorme!», titre l’Huma, dont les chiffres, rappelle le Monde, sont aux antipodes de ceux avancés par le ministère de l’Intérieur, qui parle de 130 000 manifestants au niveau national. Bataille sur les chiffres, et affrontements «intenses» dans la rue, notamment contre le site de l’hôpital Necker, vandalisé par des casseurs. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a annoncé qu’elle allait porter plainte.
Retrouvez tous les matins sur France 24 la Revue de presse française (du lundi au vendredi, 6h23-7h10-10h40 heure de Paris) et la Revue de presse internationale (du lundi au vendredi à 9h10 et 13h10). Suivez également tous les week-ends en multidiffusion la Revue des Hebdos.