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Loi travail : des syndicats prédisent une journée de mobilisation "énorme"

Après huit journées de manifestations non consécutives à travers la France, les opposants à la Loi travail sont attendus dans la rue, mardi, pour réclamer le retrait d'un texte synonyme, selon eux, de "régression sociale".

Ils espèrent une démonstration de force jamais vue en trois mois : les opposants au projet de révision du code du travail, ou loi El Khomri, s'apprêtent à converger, mardi 14 juin, vers Paris, en plein Euro de football, pour une journée de "mobilisation nationale", dont ils assurent qu'elle ne sera pas un baroud d'honneur.

Le leader de la CGT, Philippe Martinez, prédit qu'elle sera "énorme" : ce sera la première mobilisation du genre depuis le 9 mars, début de la contestation née du projet de loi El Khomri, dont le Sénat à majorité de droite vient d'entamer l'examen.

Après huit journées de manifestations non consécutives à travers la France, relayées par des blocages et grèves touchant des secteurs-clés comme les raffineries, la SNCF ou les déchets, les opposants n'entendent pas rendre les armes, ni changer leur mot d'ordre : le retrait d'un texte jugé trop favorable aux entreprises et facteur de "régression sociale" pour les salariés.

Le préfet attend 50 000 manifestants à Paris

La CGT a recensé plus de 600 cars affrétés dans toute la France pour que les contestataires puissent rejoindre le cortège dans la capitale, où aucun match de l'Euro n'est programmé. Il partira vers 13 h 15 de la place d'Italie pour rejoindre les Invalides, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl). D'autres manifestations sont prévues en régions, une cinquantaine selon la CGT.

"On a eu du mal à trouver des bus pour Paris dans certains départements", regrette Éric Beynel, porte-parole de Solidaires, déplorant "un certain blocage" de la part des compagnies privées de bus.

Le préfet de police Michel Cadot dit attendre "peut-être au-delà de 50 000" manifestants à Paris. Quelque 130 personnes sont par ailleurs interdites de manifestation, car "il n'est pas exclu qu'il y ait des casseurs qui commettent des exactions", a-t-il ajouté.

Les syndicats espèrent une participation plus importante que le 31 mars, pic de la contestation avec 390 000 manifestants dans 250 villes, selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs. À ceux qui "spéculent" sur la démobilisation, "nous allons faire la démonstration" d'une mobilisation "comme nous n'en avons jamais connue", a lancé Philippe Martinez.

Ni retrait, "ni détricotage", martèle de son côté le gouvernement qui a eu recours à l'article 49-3 pour faire adopter le texte sans vote à l'Assemblée nationale. "Je ne crains rien, j'écoute bien sûr, le dialogue avec les partenaires sociaux est permanent", a assuré lundi le Premier ministre, Manuel Valls, tout en assurant que l'article 2, le plus contesté, qui fait primer l'accord d'entreprise sur la branche, "ne sera pas changé".

En plein Euro de football - une "fête populaire" que la CGT dit ne pas vouloir gâcher -, l'exécutif table désormais sur le coup de barre à droite que le Sénat devrait apporter au texte pour rassembler son propre camp et faire reculer la contestation.

Nouvelles mobilisations prévues

Dans ce bras de fer, les lignes semblent pourtant bouger : le numéro un de la CGT et la ministre du Travail se reverront vendredi pour la première fois depuis début mars. Cette rencontre permettra de "clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT", explique-t-on au ministère.

Mardi, la pression viendra aussi des entreprises, où des mouvements de grève pour des raisons internes se mêlent à la contestation anti-Loi travail. Le secteur de l'énergie devrait être à nouveau touché. Du côté des déchets, le blocage de l'usine d'incinération d'Ivry-sur-Seine-Paris 13 depuis deux semaines doit se poursuivre.

Enfin, sans lien avec la Loi travail, les pilotes d'Air France ont prévu une dernière journée de grève mardi.

Malgré le regain de la mobilisation, les grèves s'étiolent. À la SNCF, le taux de participation est tombé à 4,6 % lundi au 13e jour du mouvement, contre 7 à 8,5 % la semaine dernière. À la raffinerie Total "Normandie", le mouvement a été suspendu après 25 jours, et le travail a repris aux terminaux pétroliers du Havre.

Deux autres journées de grèves et manifestations partout en France sont déjà prévues les 23 et 28 juin.

Avec AFP