Les deux premiers supporters britanniques a avoir été jugés lundi 13 juin par le tribunal correctionnel de Marseille ont écopé de deux et trois mois de prison ferme pour avoir participé aux violences, samedi, en marge du match Angleterre-Russie.
Alexander était le premier prévenu, sur les dix convoqués, à comparaître, lundi 13 juin, devant le tribunal correctionnel de Marseille pour les violences qui ont éclaté samedi dans la cité phocéenne, en marge du match Angleterre-Russie, entre supporters des deux camps. La sentence est sans appel : l'Anglais de 20 ans a écopé de deux mois de prison ferme. Le deuxième supporter britannique jugé dans la foulée a pris un mois de plus.
Encore vêtu du tee-shirt blanc de l'équipe d'Angleterre, Alexander avait reconnu avoir lancé un gobelet en plastique et avoir fait un doigt d'honneur en direction des gendarmes, sur le Vieux-Port, samedi soir. "Je m'excuse auprès des habitants et de la police de Marseille. J'étais au mauvais endroit au mauvais moment", a déclaré ce chef cuisinier, se décrivant comme "travailleur". "Ça ne me ressemble pas", a-t-il plaidé. Le jeune homme avait 0,86 mg d'alcool par litre d'air expiré au moment de son interpellation et a dû passer 4 heures en dégrisement.
Le procureur André Ribes a souligné que, selon les gendarmes, le jeune homme avait jeté une bouteille de verre – et non un gobelet en plastique – et qu'il visait délibérément les jambes, en dessous du bouclier des gendarmes mobiles. "Le but est que ces incidents ne se reproduisent pas", a ajouté le magistrat.
Au total, dix supporters impliqués dans les incidents doivent être jugés lundi en comparution immédiate : six Britanniques, un Autrichien, trois Français. Le parquet va requérir l'incarcération de chacun d'entre eux, des interdictions de stade pour les Français, et des interdictions du territoire national pour les étrangers. On leur reproche des "violences avec arme par destination", sur des policiers ou sur d'autres supporters.
Les Russes ont déjoué la surveillance policière
En revanche, aucun des 150 hooligans russes, "extrêmement entraînés et violents", qui ont participé à ces scènes de "guérilla urbaine", n'a pu être interpellé. "Préparés pour des opérations hyper-rapides et hyper-violentes", ils ont visiblement déjoué la surveillance policière en évitant d'arriver par avion à Marseille, a expliqué le procureur de la République, Brice Robin. Pourtant, ces hommes ne sont pas inconnus des renseignements russes.
"Les hooligans russes viennent de toute la Russie, ils appartiennent à des organisations connues et ils sont habitués à des déplacements à l’étranger en marge des compétitions de football. Le but de ces déplacements ce n’est pas de profiter du football mais de se bagarrer", rappelle Elena Volochine, correspondante de France 24 à Moscou
Les hooligans russes ne se cachent pas de leurs forfaits, ils en font au contraire la promotion sur les réseaux sociaux. "Dans une vidéo, les hooligans russes scandent qu’ils vont faire le tour de France. Et selon certains comptes, ils auraient déjà pris la direction du nord de la France sans être interpellés" poursuit Elena Volochine, redoutant de nouvelles échauffourées lors du match Russie-Slovaquie, mercredi 15 juin.
itFaille de la police française ?
En Angleterre, des voix se sont élevées pour critiquer l'action de la police française samedi. "Ils n'ont pas bien géré la foule anglaise, ils n'ont pas communiqué avec elle, et ils n'ont pas non plus su gérer le mouvement d'ultras russes. Il fallait clairement contenir ce groupe, ou au moins protéger les fans anglais", a déclaré à l'AFP Geoff Pearson, spécialiste des supporters radicaux à l'université de Manchester. Pour autant, au cours des trois derniers jours, il n'y a pas eu de "faille" dans le maintien de l'ordre a assuré Brice Robin. "C'est une sorte de guérilla urbaine très difficile" à juguler, a-t-il souligné.
Quelque 35 personnes ont été blessées lors des rixes sur le Vieux-Port samedi, dont la quasi-totalité sont britanniques. Parmi ces derniers, l'homme grièvement blessé samedi après avoir reçu des coups sur la tête était toujours lundi dans un état "critique" mais stable, a précisé le procureur de la République de Marseille Brice Robin: "Ses agresseurs n'ont pas été identifiés".
Avec AFP