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Brexit : les opposants le rendent responsable de tous les maux

Économie, science, sécurité... les opposants au Brexit semblent considérer que quitter l’UE serait la source de tous les futurs maux de la Grande-Bretagne. Une surenchère susceptible de lasser, même si les arguments peuvent être convaincants.

Alors que le référendum sur le Brexit approche – le scrutin est fixé au 23 juin –, les partisans du maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne tirent dans tous les sens pour convaincre les électeurs des méfaits d’un vote “out” (pour la sortie). Ils ont tenté d'en démontrer les dangers économiques. Pourtant, deux sondages, publiés fin mai, ont placé le oui à la sortie de l’UE en tête, démontrant que le chaos économique annoncé n’effraie pas les partisans du Brexit.

Du coup, pour les opposants au Brexit, il s’agit de multiplier les angles d’attaques : sécurité, science…et même immobilier. France 24 a relevé les arguments de ceux qui font parfois de la surenchère en expliquant que “le Brexit c’est mal pour…”, et les arguments qu'oppose le camp adverse.

Le Brexit, c’est mal pour l’économie. C’est l’argument le plus souvent avancé. Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé qu’une sortie de la Grande-Bretagne de l’UE aurait des conséquences “mauvaises, voire très mauvaises” pour l’économie britannique, européenne et mondiale. La Banque centrale anglaise juge qu’un Brexit comporte “d’importants risques” monétaires. Mais la liste des mises en garde s’allonge à l’infini.

Mais, pour le quotidien Daily Telegraph, c’est clair : sortir de l’UE permettrait à la Grande-Bretagne de se débarrasser des lourdeurs bureaucratiques de Bruxelles. Londres pourrait alors négocier plus rapidement des accords économiques avec d’autres zones régionales comme l’Asie et ainsi améliorer son commerce avec ces pays qui connaissent une forte croissance… contrairement à l’Union européenne

Le Brexit, c’est mal pour la sécurité. En ces temps de menaces terroristes, le thème est porteur. “Une Grande-Bretagne forte dans l’UE est bonne pour la sécurité et une Europe fragmentée est mauvaise pour la sécurité”, a résumé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. Le responsable des Affaires étrangères du parti travailliste, Hilary Benn craint, pour sa part, que le Brexit complique les échanges d’informations entre services de renseignements mettant ainsi le pays à la merci “d’agents infiltrés”.

Mais, la ministre britannique de la Défense, Penny Mordaunt, a affirmé à la BBC que la Grande-Bretagne n’a “rien à perdre à reprendre le contrôle de nos frontières et pouvoir à nouveau décider de notre politique de sécurité”.

Le Brexit, c’est mal pour la science. Le groupe “scientists for EU” a rendu un long mémorandum au Parlement britannique soulignant les risques d’un éventuel Brexit. Perte d’influence dans les instances scientifiques européennes, fonds européens pour la recherche auquel le pays n’aurait plus accès, mobilité des étudiants et des scientifiques réduite ne sont que quelques-uns des arguments avancés. Le célèbre astrophysicien Stephen Hawking a notamment mis en garde, dans une lettre ouverte cosignée avec d’autres scientifiques dans le Times, contre un destin à la Suisse qui peinerait à attirer des jeunes scientifiques européens.

Mais, il y a aussi un groupe appelé “Scientist for Britain”. Leurs membres sont “sûrs à 100 %” que la Grande-Bretagne ne perdrait rien si elle devenait un simple membre associé aux programmes scientifiques européens. Ils en veulent pour preuve le cas de l’Israël qui est “bénéficiaire net” d’aides financières européennes.

Le Brexit, c’est mal pour l’environnement. La nature aurait horreur du vide européen. Une dizaine d’experts britanniques des questions environnementales ont assuré dans une lettre au gouvernement que “faire partie de l’Union européenne nous a permis de coordonner nos efforts pour une politique commune qui a amélioré l’air que nous respirons, les mers dans lesquelles nous pêchons et a contribué à protéger notre faune”. Ils soulignent aussi que la pollution ne connaît pas les frontières et qu’il faut donc une action européenne pour la combattre.

Mais, pour l’ancien ministre de l’Environnement de David Cameron Owen Paterson, les cris d’alarme des scientifiques sont “du grand n’importe quoi”. Il a affirmé à la BBC que la plupart des règles adoptées par l’Europe resteraient en vigueur en Grande-Bretagne même après un Brexit. Le pays pourrait en outre “mieux adapter ces textes à nos besoins spécifiques".

Le Brexit, c’est mal pour l’immobilier. La pierre se fissurerait en cas de Brexit. C’est, en tout cas, ce qu’affirme une étude du Crédit Suisse. Quel rapport entre le référendum et le prix de l’immobilier ? Tout est dans l’attractivité. Les Européens seraient moins intéressés de venir travailler en Grande-Bretagne si elle quittait l’UE, réduisant ainsi la demande de logements. Les prix pourraient alors baisser de 5 % prévoit le Crédit Suisse.

Mais, il ne faut pas pousser le bouchon du Brexit trop loin, assure notamment un rapport du fonds d’investissement Woodford. Pour les auteurs du document, une sortie de l’Union européenne n’aurait qu’un impact direct limité car la City resterait malgré tout l’un des centres financiers les plus influents et donc attractifs du monde.

Enfin, les points négatifs du Brexit se cacheraient dans d’autres domaines auxquels on penserait encore moins. Ainsi, le Brexit s’habillerait en Prada et serait mauvais pour l’industrie de la mode, assure Frances Corner sur le site Business of Fashion. Une sortie de l’UE risquerait même d’être un frein à “l’essor du gospel britannique”, d’après le UK Christian Chart. Il manquerait plus que ça.