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La star de la Mannschaft Jérôme Boateng victime d'un dérapage raciste d'un responsable de l'AfD

L’Allemagne est en émoi après les nouvelles déclarations racistes du vice-président du parti populiste AfD, Alexander Gauland. Selon lui, les Allemands ne voudraient pas de la star de foot Jérôme Boateng, d'origine ghanéenne, comme voisin.

Carton rouge pour l’AfD. Le vice-président du parti allemand populiste Alternative für Deutschland, Alexander Gauland, s’est emmêlé les crampons en attaquant l’une des stars de l’équipe nationale de football : Jérôme Boateng. Il a estimé à propos du défenseur du Bayern Munich, d'origine ghanéenne, que “les gens le trouvaient bon comme joueur, mais n’aimeraient pas l’avoir comme voisin”, a rapporté le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, samedi 28 mai.

Dès le lendemain, dans les colonnes du Spiegel, Alexander Gauland a nié avoir tenu ces propos. “Je n’ai jamais, comme le prétend le Frankfurter Allgemeine Zeitung, insulté Jérôme Boateng”. Et de préciser avoir simplement “évoqué les a priori de certaines personnes”.

Mais cette tentative de mise au point n’a nullement calmé l’émotion suscitée en Allemagne par ce scandale. Cette sortie raciste, dans la très droite ligne d’un parti qui fait son beurre politique des remarques anti-immigrés, est peut-être la provocation de trop dans un pays où la Mannschaft est un symbole de fierté nationale.

"Voisin préféré" des internautes

“C’est tout simplement une faute de goût d’utiliser la popularité [de Boateng et de l’équipe nationale] à des fins politiques”, s’est emporté Reinhard Grindel, le président de la Fédération allemande de football. Lors de la rencontre amicale entre l’Allemagne et la Slovaquie, dimanche 29 mai, plusieurs supporters germaniques ont apporté des pancartes pour appeler Jerôme Boateng à “venir s’installer à côté de chez nous”. Le défenseur vedette du Bayern est rapidement devenu le “voisin préféré” des internautes sur les réseaux sociaux, tandis que la cote de voisinage d’Alexander Gauland est, quant à elle, au plus bas.

Même les responsables du compte officiel du ministère allemand des Affaires étrangères sur Twitter ont profité de l’occasion pour poster une photo de Jérôme Boateng en l’encourageant à “continuer comme ça !”.

"Les anciens voisins de Boateng semblent être fier de lui. À raison !", selon Heiko Maas, le ministre allemand de la Justice. Le graffiti montre trois gloire du football allemand qui ont grandi à Berlin "dans le béton" du quartier de Wedding.

Preuve que la déclaration du vice-président de l’AfD est devenue l’affaire politique du moment, le ministre social-démocrate (SPD) de la Justice, Heiko Maas, a très officiellement publié une rafale de tweets pour dénoncer l’attitude d’Alexander Gauland. “C’est tout simplement inacceptable et ceux qui se permettent de telles déclarations se ridiculisent eux-mêmes”, a-t-il affirmé avant de rappeler qu’en tant que natif de Berlin, Jérôme Boateng est tout autant allemand que n’importe lequel de ses concitoyens.

Pegida vs Kinder

Le principal intéressé a estimé que les fans avaient “largement répondu à sa place”. Il a tout de même ajouté qu’il trouvait “triste que de telles paroles puissent encore être prononcées de nos jours”.

"Gauland comme voisin ?"

Sentant que son vice-président était allé trop loin, la présidente de l’AfD, Frauke Petry a voulu rectifier le tir affirmant que “Jérôme Boateng est un joueur de classe mondiale qui a toute sa place dans l’équipe nationale”. Il faut dire que l’affaire intervient quelques jours seulement après une autre polémique aux relents racistes touchant la Mannschaft.

Le mouvement antimusulman Pegida, proche de l’idéologie de l’AfD, s’est ému d’une campagne publicitaire de la marque Kinder mettant en scène des joueurs de l’équipe nationale. Le fabricant de barres chocolatées a choisi pour célébrer l’Euro-2016 de football d’orner ses emballages de photos de jeunesse de tous les joueurs de l’équipe nationale, dont Jérôme Boateng et l’attaquant İlkay Gündoğan, d’origine turque. Des militants de Pegida avaient alors déploré sur Facebook un choix qui était allé "trop loin”, ne supportant visiblement pas la présence de photos d’enfants qui ne seraient pas blonds aux yeux bleus.