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Le géant allemand de la chimie Bayer a annoncé avoir fait une offre de 62 milliards de dollars pour acquérir Monsanto, le spécialiste américain des pesticides et herbicides qui traînent une sulfureuse réputation.

L'inventeur de l'aspirine (et de la première commercialisation de l'héroïne en 1898) veut avaler le roi américain des OGM. Le géant Allemand de la chimie Bayer a soumis une offre non-sollicitée de 62 milliards de dollars pour acquérir Monsanto.

Un tel rachat serait la plus importante acquisition dans l'histoire industrielle allemande et permettrait la création d'un mastodonte qui se hisserait au rang de numéro 1 de l'agriculture. Bayer/Monsanto proposerait tout pour l'agriculteur moderne : semences, herbicides et pesticides.

Réputations sulfureuses

Mais c'est aussi l'histoire d'un rapprochement possible entre deux groupes à la réputation sulfureuse. L'Américain Monsanto a même eu droit à un film en 2008 – "Le Monde selon Monsanto" – qui dénonçait avec virulence la manière dont la firme fait tout pour écouler ses produits à base d'OGM. C'est aussi Monsanto qui est à l'origine du Roundup, cet herbicide aussi populaire que controversé à base de glyphosate qui serait cancérigène pour les uns (parmi lesquels on compte le Centre international de recherche sur le cancer) et inoffensif pour les autres comme l'autorité européenne de la sécurité des aliments et l'ONU.

Bayer, sans être aussi décrié que Monsanto, n'est pas exempt de critiques. Le géant allemand est accusé d'être l'un des plus importants revendeurs de pesticides néonicotinoïdes qui participeraient au déclin rapide des populations d'abeilles, ces butineuses essentielles à la bonne santé de la flore. Ces produits sont d'ailleurs dans le viseur du projet de loi français sur la biodiversité. Bayer proteste et assure que la disparition des abeilles est dû à plusieurs facteurs.

Concentrations dans le secteur

Le mariage envisagé entre le groupe allemand et Monsanto est la conséquence d'une tension forte dans le secteur de l'agrochimie. Avec la baisse du coût des matières premières agricoles, le pouvoir d'achat des agriculteurs est en berne. Par conséquent, la demande en engrais et pesticides a également chuté. Un phénomène qui a entraîné un mouvement de concentration dans le secteur. L'éventuelle rachat de Monsanto par Bayer interviendrait après l'acquisition du suisse Syngenta par le chinois ChemChina pour 43 milliards de dollars en avril 2016 et la fusion entre les Américains DuPont et Dow Chemical en décembre 2015.

Reste à savoir maintenant si Monsanto a envie de devenir Allemand. Le groupe est très attaché à son indépendance, comme il l'a démontré en février en tentant, lui-même et sans succès, de racheter le suisse Syngenta pour se renforcer face à la concurrence. Mais la raison de la direction de Monsanto n'est pas forcément celle des actionnaires qui pourraient se laisser séduire par l'argent de Bayer.