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Le chef des Taliban afghans visé par une frappe américaine

Le chef des Taliban afghans, le mollah Akhtar Mansour, a "probablement" été tué par une frappe de drone, a annoncé samedi le Pentagone. Le combattant a pris en 2015 la tête de l'insurrection islamiste après l'annonce de la mort du mollah Omar.

Le Pentagone a annoncé samedi 21 mai avoir "probablement" tué dans une frappe aérienne au Pakistan le chef des Taliban afghans, le mollah Akhtar Mansour, volant au secours du gouvernement de Kaboul mis à rude épreuve par les insurgés islamistes. "Il était un obstacle à la paix et à la réconciliation entre le gouvernement d'Afghanistan et les talibans, interdisant aux chefs talibans de participer aux négociations de paix avec le gouvernement afghan", a indiqué le porte-parole du Pentagone Peter Cook.

Un responsable américain a ensuite déclaré sous couvert de l'anonymat que le chef taliban avait "probablement" été tué, dans une frappe autorisée par le président Barack Obama lui-même.

Akhtar Mansour blessé en 2015

Le bombardement a été mené par plusieurs drones des forces spéciales américaines dans une zone éloignée à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan, "au sud-ouest de la ville d'Ahmad Wal", située en territoire pakistanais, a précisé le responsable américain.

Les États-Unis ont informé le Pakistan et l'Afghanistan de leur frappe aérienne peu de temps après l'avoir effectuée, a indiqué un haut responsable de la Maison Blanche.

Le mollah Akhtar Mansour avait pris officiellement la tête des Taliban afghans en juillet 2015, prenant la succession du mollah Omar. En décembre 2015, des sources afghanes et pakistanaises avaient indiqué que le mollah Mansour avait été grièvement blessé voire tué dans une fusillade lors d'une réunion de cadres talibans qui aurait dégénéré au Pakistan. Sa mort avait été démentie par le mouvement islamiste.

Pour beaucoup, la stratégie offensive actuelle des Taliban était à mettre sur le compte du mollah, soucieux d'assoir une autorité que lui contestent nombre de cadres, mécontents du processus ayant mené à sa désignation.

"Les talibans ont tellement de chefs…"

Michael O'Hanlon, expert des questions militaires au prestigieux cercle de réflexion Brookings à Washington - et co-signataire de la tribune avec le général Petraeus - s'est montré prudent sur les conséquences qu'aurait la mort du mollah pour le combat contre les talibans. "Les Taliban ont tellement de chefs, et tellement de capacité de fonctionner localement, sans être dirigés par un échelon central, que nous serions bien avisés de limiter nos attentes" sur la mort du mollah. "Mais peut-être que cela peut modestement améliorer les perspectives d'un accord de paix", a-t-il indiqué dans un e-mail à l'AFP.

La frappe est intervenue alors que le gouvernement afghan est soumis à rude épreuve par les talibans, qui ont effectué de nombreuses avancées dans le pays depuis l'arrêt de la mission de combat des États-Unis et de l'Otan fin 2014. Les Taliban avaient lancé mi-avril leur "offensive de printemps", marquée par un attentat particulièrement meurtrier en plein Kaboul fin avril.

Depuis la fin de la mission de combat de l'Otan en Afghanistan, les forces américaines n'ont plus théoriquement qu'un rôle de conseil et d'assistance auprès des forces afghanes. Certains combattants talibans ont d'ailleurs rejoint les rangs de factions dissidentes, et d'autres ceux du groupe État islamique, surtout implanté dans l'est de l'Afghanistan.

Le processus de paix entre Kaboul et les Taliban est moribond. Mais le Pakistan a accueilli mercredi dernier une nouvelle session de pourparlers internationaux, espérant le relancer.

Avec AFP