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Réactions divergentes après le discours de Netanyahou

Les États-Unis et l’Union européenne saluent un "pas en avant" du Premier ministre israélien, qui accepte le principe d’un État palestinien. L’Autorité palestinienne juge, elle, inacceptables les conditions posées pour son existence.

"Le président salue l'important pas en avant franchi par Israël dans le discours du Premier ministre." La Maison Blanche n’a pas tardé à saluer, dans un communiqué, les propos tenus dimanche par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dans un discours prononcé à l'université Bar Ilan, près de Tel Aviv. Pour la première fois, celui-ci a accepté la création d’un État palestinien, en y posant toutefois un certain nombre de conditions.

"Si nous obtenons la garantie d'une démilitarisation et les dispositions qu'Israël requiert en matière de sécurité, et si les Palestiniens reconnaissent Israël en tant qu'État-nation du peuple juif, nous serons prêts à un véritable accord pour parvenir à la solution d'un État palestinien démilitarisé aux côtés de l'État juif", a-t-il affirmé.

Benjamin Netanyahou, qui dirige le gouvernement israélien depuis le mois d'avril, avait, jusqu’à présent, refusé d’évoquer la création d’un État palestinien. Comme les États-Unis, l’Union européenne (UE) a accueilli favorablement ce changement de ton. "C’est un pas dans la bonne direction", a déclaré lundi Jan Kohout, le ministre tchèque des Affaires étrangères, qui préside actuellement le Conseil de l’UE.

Des efforts "paralysés"

"Je ne peux que saluer la perspective d'un État palestinien tracée par le nouveau Premier ministre israélien, a commenté de son côté Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française. La France est convaincue que [sa création] relève de l'intérêt même d'Israël et de sa sécurité."

Côté palestinien, en revanche, les conditions posées par le Premier ministre israélien pour la création d’un État sont jugées inacceptables. "Les propos de Benjamin Netanyahou ont sapé toutes les initiatives, paralysé tous les efforts en cours et défié les positions palestiniennes, arabes et américaines", a réagi Nabil Abou Rdainah, porte-parole de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

Parmi les conditions formulées par le Premier ministre israélien figure, notamment, la démilitarisation du futur État palestinien et le principe selon lequel Jérusalem doit être la capitale indivisible d’Israël. Mais Benjamin Netanyahou a également exclu le retour des réfugiés palestiniens de 1948 sur le sol israélien. Et, s’il a affirmé ne pas avoir l’intention de construire de nouvelles colonies, il a de nouveau insisté sur la nécessaire "croissance naturelle" des implantations existantes.


Netanyahou "prisonnier de sa coalition"

 
"Les conditions posées ne permettent pas la création d’un État palestinien", explique Frédéric Encel, directeur de recherche à l’Institut français de géopolitique et spécialiste du Moyen-Orient, à FRANCE 24.

"C’est un refus total de reprise sérieuse des négociations, déplore, de son côté, Nassif Hitti, représentant de la Ligue arabe en France. La définition de l’État palestinien de Benjamin Netanyahou ne répond à aucun critère de l’État souverain, il s'agit d'une coquille vide."

"J’ai été surpris que Barack Obama parle d’important pas en avant, réagit, quant à lui, Samy Bochner, directeur de la rédaction du site Israelbusinessclass.net, un site d’actualité spécialisé sur l’économie israélienne. C’est un peu une tempête dans un verre d’eau : Benjamin Netanyahou a lâché les mots magiques d’État palestinien, mais il les a vidés de leur substance en posant de telles conditions."
 

"Le Premier ministre israélien est prisonnier de sa coalition, rappelle Frédéric Encel. S’il va plus loin, son gouvernement risque de tomber."