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Vol d'EgyptAir : des appareils ont détecté des fumées dans l'avion avant le crash

Des données émises par l'avion d'EgyptAir qui s'est abîmé en Méditerranée jeudi montrent que des fumées ont été détectées à bord. Cela ne change rien à l'enquête, qui continue d'examiner "toutes les hypothèses", selon Jean-Marc Ayrault.

Des détecteurs de fumées se sont activés peu avant la chute de l'Airbus A320 d'EgyptAir, qui s'est abîmé jeudi en Méditerranée, a annoncé, samedi 21 mai, le Bureau d'enquêtes et d'analyses français (BEA). L'appareil, avec 66 personnes à bord, a envoyé des messages automatiques signalant des fumées près du cockpit. Ces révélations ne permettent pas de privilégier une hypothèse plus qu'une autre, selon les autorités françaises.

"Le BEA confirme qu'il y a eu des messages Acars émis par l'avion indiquant qu'il y eu de la fumée en cabine peu avant la rupture des transmissions de données", a déclaré un porte-parole du BEA à l'AFP, indiquant toutefois que cela ne permet pas d'établir des conclusions sur les causes du crash. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault  a, de son côté, martelé que "toutes les hypothèses sont examinées et aucune n'est privilégiée", après avoir rencontré, à Paris, les familles de victimes.

Ces informations avaient été rapportées dans la nuit par la presse américaine. "Une fumée intense a déclenché des alarmes dans la partie avant de l'appareil, où sont situées des parties vitales de son électronique de bord", selon le Wall Street Journal (WSJ), qui cite des sources proches de l'enquête non identifiées. "Les messages d'erreur durent environ deux minutes, alertant l'équipage au sujet de fumée détectée dans des toilettes et un compartiment" situé sous le plancher du cockpit de l'avion, poursuit le WSJ.

Selon le quotidien, "ce compartiment contient une partie cruciale de l'ordinateur de contrôle de vol" de l'appareil qui, selon les messages, s'est mis "à mal fonctionner". 

La chaîne CNN a également rapporté la présence de fumées, indiquant avoir obtenu ses informations d'une capture d'écran fournie par une source égyptienne. Elle a précisé que ces messages d'alerte ont été envoyés "via le système Acars", qui permet d'échanger des informations entre un avion en vol et le centre opérationnel de la compagnie aérienne. Les mêmes informations ont été rapportées par le magazine spécialisé Aviation Herald.

Des problèmes électriques à bord ?

Les autorités ne commentent pour l'instant pas ces éléments. "Nous sommes au courant de ces informations de presse. À ce stade, je ne peux ni les confirmer, ni les démentir", a indiqué à l'AFP un responsable du ministère égyptien de l'Aviation civile.

Ces informations ne viennent pas des boîtes noires de l'appareil, souligne l'expert en sécurité aérienne David Gleave, interrogé par France 24. Mais elles "pourraient indiquer des problèmes électriques à bord qui auraient généré l'émission de ces messages", explique-t-il. Le système Acars est "un système de communication de maintenance", poursuit l'expert. "L'Acars peut générer des messages automatiques envoyés au centre de maintenance pour signaler un problème, afin que, quand l'avion atterrit, l'équipe de maintenance puisse préparer les pièces nécessaires ou mobiliser le personnel nécessaire."

Il s’agit en l’occurrence de sept messages émis en trois minutes, qui "caractérisent le fait qu’il y a de la fumée en différents endroits de la cabine, qu’il y a des systèmes qui ne fonctionnent plus", détaille sur le plateau de France 24 Bertrand Vilmer, président des experts de justice aéronautique. Cela peut provenir, selon lui, d'un feu ou bien d'"une condensation qui vient d’une dépressurisation".

Ces messages n’indiquent pas l’effet d’une bombe, puisque l’appareil a repéré des problèmes et a envoyé ces signaux pendant trois minutes, souligne Bertrand Vilmer. Ces fumées n’indiquent donc pas une désintégration de l’avion en vol – qui a cependant pu intervenir plus tard. L’expert relève également l’absence de message de détresse envoyé par l’équipage, alors même que les systèmes de surveillance ont repéré durant trois minutes des dysfonctionnements.

Les circonstances du crash restent donc à élucider, et les recherches se poursuivent pour localiser l'épave de l'avion, qui reliait Paris au Caire dans la nuit de mercredi à jeudi. Le vol MS804 a brusquement disparu des écrans radar alors qu'il survolait, sans problème apparent et dans un ciel clair, la Méditerranée orientale.

Plusieurs responsables américains interrogés par l'AFP vendredi ont affirmé que le Pentagone et les services des renseignement américains n'avaient pas détecté de traces d'explosion brutale de l'avion, comme cela avait été le cas pour l'A321 russe disparu au-dessus du Sinaï en novembre 2015.

La marine égyptienne a retrouvé des débris d'avion ainsi que des restes humains dans la zone où l'appareil a disparu. Il s'agit de "certaines affaires appartenant à des passagers, ainsi que des restes humains et des fauteuils d'avion", a précisé le ministère de l'Aviation civile dans un communiqué.

Localiser les boîtes noires

Les recherches ont permis de restreindre la zone de recherche, explique Pierrick Leurent, envoyé spécial de France 24 au Caire. "Les recherches se concentrent sur une zone d'un rayon de 65 km", a-t-il précisé, à près de 300 km de la ville côtière d'Alexandrie. Il s'agit notamment de retrouver les enregistreurs de vol, qui pourraient fournir de précieuses indications pour comprendre pourquoi l'avion s'est abîmé en mer.

Un vaisseau patrouilleur français a quitté Toulon pour se joindre aux recherches. Il est équipé d'un système pour répérer les sons émis par ces boîtes noires, qui pourraient se trouver par 3 000 mètres de fond, a détaillé Pierrick Leurent.

Si certains responsables, égyptiens notamment, ont évoqué la piste du terrorisme jihadiste, aucune revendication n'a été formulée près de 48 heures après la disparition du vol MS804 d'EgyptAir.

Avec AFP, AP et Reuters