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Après avoir instauré l’état d’urgence dans le pays, le président du Venezuela Nicolás Maduro a ordonné samedi la saisie des usines "paralysées par la bourgeoisie". L'opposition a mis en garde contre un risque d'"explosion".

Le président du Venezuela Nicolás Maduro a ordonné, samedi 14 mai, la saisie des usines "paralysées par la bourgeoisie" et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de "saboter le pays".

"Dans le cadre de ce décret en vigueur (...), nous prenons toutes les mesures pour récupérer l'appareil productif qui est paralysé par la bourgeoisie (...). Quiconque veut arrêter [la production] pour saboter le pays devrait partir et ceux qui le font doivent être menottés et envoyés à la prison générale du Venezuela", a déclaré Nicolás Maduro devant des milliers de ses partisans dans le centre de Caracas.

"Usine arrêtée, usine remise au peuple ! (…) Vous allez m'aider à récupérer toutes les usines paralysées par la bourgeoise", a-t-il poursuivi.

Nicolás Maduro a par ailleurs annoncé avoir ordonné pour le 21 mai "des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice pour nous préparer à n'importe quel scénario" envisageable.

Il a à cet égard assuré que son homologue colombien Álvaro Uribe avait "appelé à une intervention armée", au cours d'une rencontre à Miami avec des dirigeants de l'opposition vénézuélienne. Y était aussi présent Luis Almagro, le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), dont il affirme qu'elle est au service des États-Unis qu'il soupçonne de vouloir "en finir avec les courants progressistes en Amérique latine".

État d'urgence pour 60 jours

Vendredi soir, le président socialiste vénézuélien avait par ailleurs annoncé qu'il décrétait "l'état d'exception et d'urgence économique" pour une durée de soixante jours afin de "neutraliser et mettre en échec l'agression extérieure".

Selon le chef de l’État, son gouvernement serait en effet visé par des "menaces" en provenance du Venezuela et des États-Unis pour renverser son gouvernement.

Ce décret, qui n'a toujours pas été publié, étend et proroge "pour les mois de mai, juin, juillet" un précédent "décret d'urgence économique", en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait samedi.

Il "sera étendu constitutionnellement pendant l'année 2016 et certainement pendant l'année 2017 afin de récupérer la capacité de production du pays", a ajouté le chef de l'État qui n'a pas précisé si l'état d'exception impliquait une restriction des droits civils.

L'"urgence économique" autorise le gouvernement à disposer des biens du secteur privé pour garantir l'approvisionnement des produits de base, ce qui, selon ses détracteurs, ouvre la voie à de nouvelles expropriations.

"Le Venezuela est une bombe qui peut exploser à tout moment"

L'opposition a de son côté averti samedi du risque d'"explosion" au Venezuela si elle ne parvenait pas à organiser un référendum pour révoquer le président.

"Si vous verrouillez la voie démocratique, nous ne savons pas ce qui peut se passer dans ce pays. Le Venezuela est une bombe qui peut exploser à tout moment", a lancé le chef de l'opposition Henrique Capriles, appelant "tout le peuple à se mobiliser" pour obtenir le renvoi de Nicolás Maduro. Il s'exprimait devant des milliers de personnes venues manifester dans l'est de Caracas à l'appel de la coalition d'opposition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement.

Pour l'opposition, qui a organisé samedi une manifestation à Caracas, la capitale, la décision du chef de l'État est un signe de panique face aux appels de plus en plus nombreux à la tenue d'un référendum sur sa destitution, sur fond de crise économique grave.

"Nous parlons d'un président désespéré qui se place lui-même en marge de la légalité et de la constitutionnalité", a déclaré Jesús Torrealba, chef de file de la coalition de l'Unité démocratique, ajoutant que Maduro était en train de perdre des soutiens au sein de son propre camp.

Selon un récent sondage, près de 70 % des Vénézuéliens souhaitent que le président quitte le pouvoir avant la fin de cette année.

Avec AFP et Reuters