
Près de trois ans après les faits, les victimes de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge sont reçues lundi par les juges d'instruction chargés du dossier. Des questions "autour de la SNCF et de ses trucages" devraient être posées.
Il s’agit d’une première après quasiment trois années d'enquête. Les victimes de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, sont reçues lundi 9 mai par les trois juges d'instruction chargés du dossier.
"C'est la moindre des choses. On attendait cela depuis plusieurs mois, c'est curieux que cela n'arrive que maintenant", souligne Me Gérard Chemla, conseil de l'association "Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny", à l'origine de la demande.
Près de trois ans après l'ouverture de l'information judiciaire, "les victimes n'ont bénéficié d'aucune information de la part des juges d'instruction", avait souligné Me Chemla dans une lettre adressée aux juges début février et consultée par l'AFP. Dans ce courrier, Me Chemla avait également demandé la présence des experts ferroviaires et métallurgiques pour qu'ils puissent être interrogés sur leurs différents rapports.
"La SNCF et ses trucages"
"Nous poserons également des questions autour de la SNCF et de ses trucages", ajoute l'avocat, alors que des écoutes judiciaires laissent supposer que l'entreprise a préparé les personnes entendues par la justice.
Le président de la SNCF Guillaume Pépy a assuré début avril "qu'aucun membre de la direction, n'avait donné d'instructions à qui que ce soit, de dire autre chose que la vérité", a réagi un porte-parole de la compagnie ferroviaire, interrogé par l'AFP.
Par ailleurs, l'entreprise publique a été condamnée à verser 60 000 euros de provision à l'association pour l'aider à supporter les coûts d'une procédure très technique.
Le 12 juillet 2013, le déraillement d'un train en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts et des dizaines de blessés, à cause d'une éclisse - sorte de grosse agrafe sur l'aiguillage -, dont une fissure n'avait pas été détectée lors des tournées de surveillance, et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés. L'éclisse avait alors pivoté, provoquant l'accident.
Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Évry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.
Avec AFP