
Depuis sept mois, les Israéliens sont confrontés à une vague de violences inédite. Pas une intifada à proprement parler, mais une série d’attaques à l’arme blanche quasi-quotidiennes, non organisées, qui témoignent d’un malaise grandissant, surtout chez les jeunes Palestiniens. Nos correspondants à Jérusalem, Pierrick Leurent et Irris Makler, ont tenté de décrypter ce phénomène et les racines de cette violence.
Plus de 350 attaques anti-israéliennes en sept mois, menées à l’aide d’un simple couteau, d’une machette ou même de ciseaux. Trente-quatre morts côté israélien, près de 200 côté palestinien - principalement des assaillants tués en représailles - et des centaines de blessés, d'après les autorités israéliennes. Le bilan est lourd, mais le phénomène reste diffus, difficile à cerner. S'agit-il d'une nouvelle intifada ? D'une vague de violences ? Ou d'une révolte de la jeunesse palestinienne ? Personne ne parvient vraiment à définir ce qui se déroule en Israël et dans les Territoires palestiniens depuis le 1er octobre 2015.
Nous sommes allés à la rencontre des acteurs de ces événements : les activistes palestiniens, les familles des terroristes, les victimes et les responsables de l'armée israélienne. Tous dressent le même constat : les assaillants, homme et femme, sont la plupart du temps des jeunes palestiniens désespérés. Des "loups solitaires" radicalisés, qui décident de passer à l'action en quelques minutes. Leurs actes sont rarement prémédités, presque jamais organisés.
Une intifada 2.0, mais sans soutien populaire
Leurs motivations ? Un mélange de problèmes personnels, de ras-le-bol face à l'occupation israélienne, d'absence de perspectives - le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens est au point mort depuis deux ans - et d'endoctrinement par les réseaux sociaux. C'est l'un des aspects les plus étonnants de cette "intifada des couteaux". Pour la première fois, elle est très largement relayée sur internet. Facebook, Twitter ou encore Whatsapp servent de relais entre les jeunes Palestiniens qui échangent photos, vidéos des attaques et vidéos de propagande.
Mais les Palestiniens les plus âgés refusent de prendre part à cette révolte. Les parents et grands-parents, qui ont vécu la première et la seconde intifada, déclenchées respectivement en 1987 et en 2000, sont lassés des violences qui n'apportent que davantage de morts et de destructions, sans ouvrir la voie à la création d'un État palestinien. Certains tentent même de convaincre les jeunes Palestiniens de se construire un avenir et de renoncer à la violence.
Côté israélien, alors que hommes, femmes, civils ou militaires sont visés sans distinction par les attaques, la réponse est pour l'instant essentiellement sécuritaire : davantage de soldats et de patrouilles à Jérusalem et en Cisjordanie. Davantage de caméras de surveillance, de checkpoints, d’arrestations de militants, de destruction de maisons des terroristes et de celles de leur famille. Une réponse qui semble parfois réussir à limiter les violences. Mais qui complique un peu plus le quotidien des Palestiniens. Et contribue à renforcer la colère d'une partie de la population…