L’entrepreneur australien Craig Steven Wright a affirmé qu’il était le vrai Satoshi Nakamoto, le pseudonyme utilisé en 2009 par le créateur du système de paiement dématérialisé bitcoin. Des doutes subsistent cependant.
Serait-ce la fin de sept ans de mystère autour du père de l’une des inventions financières majeures du XXIe siècle ? L’entrepreneur australien Craig Steven Wright a affirmé, lundi 2 mai, n’être autre que Satoshi Nakamoto, le pseudonyme utilisé par le créateur du bitcoin, la plus célèbre des monnaies dématérialisées. Cet inventeur avait jusqu'à présent réussi à garder l’anonymat.
Il a aussi accordé un entretien à trois médias - The Economist, la BBC et GQ - pour apporter des preuves de ce qu’il affirme. C’est la première fois depuis la mise en place de cette monnaie en 2009 qu’une personne en revendique officiellement la paternité. Reste que malgré les éléments fournis par Craig Steven Wright, des doutes subsistent et la quête du plus célèbre des anonymes de la crypto-finance n’est peut-être pas encore achevée.
Multimillionnaire
"Satoshi [Nakamoto] est mort, mais ce n’est que le début", affirme Craig Steven Wright dans le billet de blog où il fait son coming-out. Il y apporte une preuve technique censée démontrer qu’il est bel et bien l’homme derrière le mystérieux pseudonyme : il s’agit, schématiquement, de la clef électronique utilisée pour enregistrer l’une des premières créations de bitcoins en 2009 et qui ne peut être en possession que du vrai Satoshi Nakamoto, car à cette époque il était le seul à créer des bitcoins.
Deux figures emblématiques de la Fondation Bitcoin, Gavin Andresen et Jon Matonis, appuient les affirmations de Craig Steven Wright, assure la BBC.
Si l’entrepreneur australien est réellement Satoshi Nakamoto, il est multimillionnaire. Le père de cette monnaie a amassé un million de bitcoins qui valent aujourd’hui environ 450 millions de dollars.
Mais certains sont loin d’être convaincus par la personnalité et les affrimations de Craig Steven Wright. À commencer par The Economist qui rappelle qu’en décembre 2015, il avait déjà été soupçonné d’être Satoshi Nakamoto. Deux sites, Gizmodo et Wired affirmaient alors avoir mis la main sur des documents piratés appartenant à Craig Steven Wright dans lesquels il reconnaît être le créateur du bitcoin. Mais cette piste avait fait long feu. Le profil LinkedIn de l'Australien, effacé depuis, était truffé de références farfelues et d’expériences professionnelles qui semblent avoir été inventées. Aucun des articles publiés par Craig Steven Wright en Australie ne concerne le bitcoin et le niveau scientifique de certains de ses textes ne semblent pas être suffisant pour quelqu’un qui serait à l’origine d’un projet aussi complexe que le bitcoin, assurait alors le quotidien The Guardian.
Mettre un terme aux spéculations ?
Depuis ce coming-out, les férus et connaisseurs de bitcoins sont perplexes. Sur le site communautaire et fourre-tout Reddit (qui dispose d’un forum entier consacré au bitcoin), les discussions vont bon train concernant la "preuve" technique apportée par Wright. Le consensus actuel semble être que la démonstration faite par l’Australien sur son blog est loin d’être satisfaisante.
Pour ceux qui doutent des dires de Craig Steven Wright, l’homme cherche surtout la lumière médiatique avant la parution d’un essai le concernant. The Economist rappelle que l’homme a pris langue, il y a six mois, avec l’auteur d’une biographie de "Julian Assange". Ce dernier, Andrew O’Hagan, a l’intention du publier un long article dans le London Review of Books concernant la vie et l’œuvre de Craig Steven Wright. Pour The Economist "cela ne prouve pas que tout ça est une arnaque médiatique, mais démontre qu’il peut avoir d’autres motivations que de faire seulement éclater la vérité".