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Exclue d’un accord de trêve russo-américain entré en vigueur le 30 avril, Alep, en proie à des violences meurtrières entre le régime syrien et les rebelles, est de nouveau au cœur des discussions entre Russes et Américains.

Exclue de l’accord de trêve négocié par Washington et Moscou et entré en vigueur dans certaines parties de l'ouest de la Syrie le 30 avril, Alep revient au centre des préoccupations des Russes et des Américains. La grande ville du nord du pays est en proie à des raids aériens meurtriers du régime de Damas et à des combats acharnés entre l’armée syrienne et les rebelles depuis le 22 avril.

Outre ses conséquences humanitaires dévastatrices, le déchaînement de violences à Alep risque de faire voler en éclat le fragile cessez-le-feu entré en vigueur fin février dans l’ensemble du pays. Une situation qui place sous pression Russes et Américains, qui assurent désormais que la cessation des combats dans cette ville est leur priorité.

"Actuellement, des négociations actives sont en cours pour établir un ‘régime de silence’ dans la province d'Alep", a déclaré dimanche 1er mai le général Sergueï Kouralenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie, créé par l'armée russe pour superviser la trêve.

John Kerry à Genève

Cette annonce intervient peu après l'appel lancé par Washington à l'arrêt des bombardements du régime syrien. Le chef de la diplomatie américaine John Kerry est également arrivé dimanche à Genève, où il doit s'entretenir avec son homologue saoudien Adel al-Joubeir, qui a accusé le pouvoir syrien de "crimes de guerre" à Alep, et l'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura.

"Nous avons l'espoir de pouvoir réaliser des progrès", a déclaré John Kerry au début d'une réunion avec son homologue jordanien Nasser Joudeh peu après son arrivée.

"Ce sont des heures critiques. Nous recherchons la coopération de la Russie et, évidemment, nous cherchons à ce que le régime (syrien) écoute la Russie et réponde", a-t-il ajouté.

Anas al-Abdeh, chef de la Coalition nationale syrienne, principal groupe d'opposition en exil, a estimé qu'il revenait aux États-Unis de sauver le processus de paix de Genève, dans l'impasse, ajoutant que la poursuite des combats menaçait les chances d'un éventuel règlement politique.

Avant son arrivée en Suisse, John Kerry a affirmé au téléphone à Staffan de Mistura et au coordinateur de l'opposition syrienne Riad Hijab que "la fin des violences à Alep et le retour à une cessation durable (des hostilités) sont la première des priorités".

Il avait aussi demandé à la Russie "de prendre des mesures pour arrêter les attaques aveugles (du régime) sur Alep", tandis que Moscou avait exclu samedi de demander à son allié syrien d'arrêter ces raids.

"Aux portes d'un désastre humanitaire"

En dix jours, 253 civils dont 49 enfants auraient été tués dans la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée à Londres. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, Alep est "aux portes d'un désastre humanitaire", tandis que l’ONU a déploré un "mépris monstrueux pour les vies de civils par toutes les parties au conflit".

Sur le terrain, un calme précaire a régné dimanche dans la ville, où les rues étaient désertes, selon les observations d’un correspondant de l'AFP sur place. L'armée de l'air syrienne a toutefois largué des barils d'explosifs sur la route dite du Castello, seule voie d'approvisionnement en nourriture et médicaments pour la partie rebelle de la ville et unique sortie pour les civils de l'est d'Alep fuyant les bombardements de l'armée.

Les rebelles ont pour leur part tiré des roquettes dimanche sur la partie ouest contrôlée par le gouvernement.

Avec AFP et Reuters