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Législatives en Serbie : large victoire du Premier ministre proeuropéen

Le Parti progressiste du Premier ministre Aleksandar Vucic a obtenu dimanche une éclatante victoire aux législatives serbes. Les estimations encore provisoires lui accordent entre 49 et 52,6 % des voix.

Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic et son Parti progressiste se dirigeaient, dimanche 24 avril, vers le plébiscite recherché dans des législatives convoquées pour poursuivre librement le rapprochement de la Serbie avec l'Union européenne, rejeté par une extrême droite de retour au parlement.

Lui accordant environ la moitié des suffrages (entre 49 et 52,6 %), les estimations provisoires, dimanche en fin de soirée, étaient sans équivoque sur un triomphe du SNS (parti du Progrès, centre-droit), qui devrait obtenir plus de la moitié des 250 sièges de l'assemblée.

Le tribun d'extrême droite, Vojislav Seselj (Radicaux, SRS), retrouvera son siège au Parlement, son parti, les Radicaux, semblant assuré de passer la barre fatidique des 5 %, selon ces estimations. Mais avec un résultat oscillant, selon les estimations, entre 7,4 % et 8,1 % des voix, il reste très loin derrière Aleksandar Vucic.

"C'est une projection qui pourrait changer à la marge, mais pas significativement", selon Djordje Vukovic, du Cesid.

Homme fort de la Serbie depuis quatre ans, Aleksandar Vucic a entamé en décembre les négociations en vue d'une adhésion à l'UE quand Vojislav Seselj prône une alliance, voire une intégration avec la Russie. Ce thème touche la corde sensible de beaucoup des 6,7 millions d'électeurs, mais ne les a pas détournés de Vucic.

Hier ultra-nationaliste, aujourd’hui centriste et proeuropéen

Dès dimanche matin, Seselj reconnaissait qu'il était "peu probable" qu'il l'emporte. Récemment acquitté par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), il voulait surtout prendre date et s'imposer comme l'opposant numéro 1 à Aleksandar Vucic.

Annoncés deuxièmes (entre 11,1 % et 12,9 % des scrutins), les socialistes (SPS, centre-gauche) étaient alliés à Aleksandar Vucic dans le gouvernement et pourraient retrouver leur rôle de partenaire dans une coalition.

S'il compte "préserver les liens traditionnels avec tous (les) amis à l'Est", Aleksandar Vucic ne fera "aucun compromis" avec l'extrême droite sur la question européenne, a-t-il répété dimanche matin.

Vojislav Seselj fut son mentor en politique, jusqu'à la mue subite en 2008 d'Aleksandar Vucic, quand cet ex-ministre de Slobodan Milosevic a tourné le dos à ses années d'ultra-nationalisme. Désormais centriste et proeuropéen, il sait que la pérennité de sa popularité dépend de ses résultats économiques.

Le Premier ministre serbe s'est engagé auprès des Occidentaux à privatiser de larges pans de l'économie et a dû baisser les retraites et les traitements des fonctionnaires, dans un pays où le niveau de vie reste faible et où le chômage flirte avec les 20 %. Dimanche, il a dit s'attendre à une croissance de "2,3, voire 4 %".

"Ne plus partir partout en Europe en quête d'une vie meilleure"

"J'espère une victoire de ceux qui créeront des emplois, pour nous permettre de rester là et de ne plus partir partout en Europe en quête d'une vie meilleure", résumait Edib Mahmutovic, un ouvrier de 40 ans de Novi Pazar, capitale de la région majoritairement musulmane du Sandzak, dans le sud de la Serbie.

En présence d'observateurs internationaux, le scrutin s'est déroulé sans incidents majeurs, y compris au Kosovo, où la minorité serbe votait, et semble parfois s'inquiéter des intentions d'Aleksandar Vucic.

"J'espère que le nouveau gouvernement sera meilleur que le précédent, qu'il ne nous bradera pas", a dit dans la partie serbe de Mitrovica, dans le nord du Kosovo, Milovan Ilic, un retraité de 73 ans.

Ancienne province de Serbie, considérée par de nombreux Serbes comme le cœur historique de leur nation, le Kosovo, majoritairement peuplé d'Albanais musulmans, a déclaré son indépendance en 2008. Belgrade exclut de la reconnaître et a inscrit dans la Constitution que le Kosovo était partie intégrante de la Serbie.

Vojislav Seselj a insisté dimanche sur l'importance d'accorder à son parti "plus de 84 sièges (soit le tiers du Parlement) pour que personne ne puisse modifier la Constitution serbe sans" les Radicaux. "Le plus grand danger qui nous menace à l'avenir" est selon lui une telle révision constitutionnelle "à la demande des puissances occidentales".

Avec AFP