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Breivik fait condamner la Norvège pour "traitement inhumain"

La justice norvégienne a donné raison, mercredi, à Anders Behring Breivik, en condamnant l'État pour traitement "inhumain" comme le demandait le neo-nazi, maintenu à l'isolement depuis sa condamnation pour le meurtre de 77 personnes en 2011.

Breivik a obtenu gain de cause. Maintenu à l’isolement depuis 5 ans, l'auteur du massacre de 77 personnes en 2011 en Norvège avait porté plainte contre l’État pour "traitement inhumain". Mercredi 20 avril, la justice lui a donné raison, concluant que le régime carcéral infligé au tueur néo-nazi était en violation de la Convention européenne des droits de l'Homme.

"L'interdiction des traitements inhumains et dégradants représente une valeur fondamentale dans une société démocratique. Cela vaut aussi pour le traitement de terroristes et d'assassins", a rappelé la juge Helen Andenaes Sekulic.

Le tribunal a en revanche débouté Anders BehringBreivik sur le second aspect de sa plainte portant sur ses échanges avec l'extérieur. L'extrémiste de 37 ans demandait la levée des restrictions sur son courrier et sur ses visites pour pouvoir correspondre avec des sympathisants. Les autorités s'y opposent, faisant valoir qu'il est "extrêmement dangereux" et que ces contrôles visent à empêcher de nouvelles attaques.

Breivik a été condamné en août 2012 à 21 ans de prison pour avoir tué huit personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, puis 69 autres, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu sur un camp d'été de la Jeunesse travailliste. Déguisé en policier, il avait traqué pendant plus d'une heure près de 600 jeunes piégés sur l'île d'Utøya, achevant d'une balle dans la tête la plupart de ses victimes.

"L'État essaie de me tuer"

Même si la perpétuité n'existe pas en Norvège, sa peine est susceptible d'être prolongée tant qu'il restera considéré comme dangereux. Le verdict de mercredi devrait néanmoins obliger les autorités pénitentiaires à alléger son régime carcéral.

Pendant le procès civil qui s'est tenu du 15 au 18 mars dans la prison de Skien (sud), où il est détenu sous un régime de très haute sécurité, Breivik avait affirmé que l'isolement carcéral nuisait à sa santé, évoquant notamment des maux de tête et des troubles de la concentration. "Depuis cinq ans, l'État essaie de me tuer", avait-il affirmé. "Je ne crois pas que beaucoup auraient réussi à survivre aussi longtemps".

Aucun des professionnels – médecins, psychiatre, personnel pénitentiaire – qui l'ont observé en prison n'ont relevé d'altération grave de sa condition physique ou mentale. Les différents témoignages avaient plutôt fait apparaître que Breivik bénéficiait de conditions nettement plus confortables que les autres prisonniers.

À Skien, il dispose d'une télévision avec lecteur DVD, d'une Playstation, d'une machine à écrire, d'appareils de musculation, de livres et de journaux répartis dans trois cellules de vie, d'études et d'exercices physiques. L'État a même été condamné à payer les frais judiciaires de Breivik, soit près de 35 850 euros.

Avec AFP