Pour protester contre la détérioration de la situation sécuritaire en Syrie, les représentants de l'opposition syrienne ont annoncé, mardi, leur départ de Genève, où les négociations de paix sont au point mort.
Pas de négociation sans trêve. Les principaux responsables de l'opposition syrienne ont commencé à quitter Genève, après avoir suspendu leur participation aux négociations de paix sous l'égide de l'ONU, en ne laissant sur place qu'une équipe "technique", a annoncé, mardi 19 avril, le coordinateur de l'opposition, Riad Hijab qui estime que la trêve en Syrie est "révolue".
"Certains collègues du Haut-Comité des négociations (HCN) sont partis hier, d'autres partent aujourd'hui ou vont quitter Genève d'ici à vendredi", a dit Riad Hijab, précisant qu'il partait lui-même. L'opposition syrienne avait annoncé la veille à l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qu'elle suspendait sa participation "formelle" aux pourparlers de paix pour protester contre la "détérioration" de la situation en Syrie, mais qu'elle continuerait à prendre part à des discussions "techniques". "Certains collègues, experts en questions juridiques vont rester ici et rencontreront les experts de l'ONU à l'hôtel", a indiqué Riad Hijab.
Le HCN, qui regroupe les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, est divisé entre ceux qui veulent quitter la table des négociations – principalement les groupes armés – et ceux qui ne veulent pas rompre avec le délicat processus de paix engagé depuis janvier sous l'égide de l'ONU.
Des partis qui n'ont pas "bougé d'un iota"
Les perspectives d’un redémarrage des négociations de paix sur la Syrie apparaissent désormais compromises. Le HCN exige le départ préalable du président Bachar al-Assad, ce que le régime, pourtant prêt à un gouvernement de coalition avec l'opposition, considère comme non négociable. "Nous attendons du Groupe international de soutien à la Syrie qu’il prenne des mesures décisives contre celui qui massacre le peuple syrien", a déclaré Riad Hidjab à la presse, ajoutant qu’il "n’y aura pas de solution tant que le président Bachar al Assad restera au pouvoir".
Bachar Djaafari, qui dirige la délégation gouvernementale, a dit pour sa part que l’objectif poursuivi par Damas à Genève était de parvenir à un gouvernement élargi sous la présidence d’Assad qui maintiendrait les institutions actuelles du pays. "À Genève, nous avons pour seul mandat de parvenir à un gouvernement national élargi", a-t-il dit sur la chaîne de télévision libanaise, Al Mayadine. "Ce sujet [la présidence, NDLR] ne relève pas de la compétence de Genève, c’est une affaire syro-syrienne", a-t-il poursuivi.
Staffan de Mistura, lui, s’est donné la semaine pour poursuivre ses discussions avec toutes les parties impliquées et a annoncé qu’il ferait le point vendredi. "C’est une manière pour eux d’exprimer leur mécontentement et leur inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme une dégradation conséquente de la situation humanitaire et de l’environnement sécuritaire, en particulier à Alep", commentait le diplomate italo-suédois lundi soir, reconnaissant que les deux parties n’avaient "pas bougé d’un iota" depuis le début des négociations.
Avec AFP et Reuters