
La mer Égée, entre la Turquie et la Grèce, est un point de passage pour les réfugiés qui fuient la guerre en Syrie ou les Taliban en Afghanistan, et tentent de gagner l'Europe. Mais les naufrages sont fréquents. Au large des côtes turques, les pêcheurs redoutent de trouver des corps dans leurs filets… Le sauvetage des migrants naufragés est devenu quasi-quotidien. Notre reporter s'est rendue à Dikili, petit port de pêche turc qui fait face à l'île grecque de Lesbos.
Il y a eu cette photo terrifiante d'un enfant mort échoué sur une plage. Une photo qui a ému le monde entier, celle d'Aylan, ce petit Syrien mort noyé. C'était au début du mois de septembre dernier. Son corps d'enfant, qui reposait sur une plage de Turquie, est devenu le symbole d'une crise migratoire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais depuis, les naufrages n'ont pas cessé. Des centaines de milliers de personnes ont continué de tenter d'atteindre l'Europe en empruntant ce même passage dangereux. Et plusieurs centaines y ont perdu la vie. Avec l'hiver, la situation n'a fait qu'empirer. La traversée de la mer Égée est devenue l'itinéraire le plus meurtrier au monde pour ceux qui rêvent d'une autre vie ailleurs, loin des guerres qui ravagent leur pays.
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Au mois de janvier, pas une semaine sans un naufrage, sans des corps sans vie ramenés à terre. Les premiers témoins de ces tragédies sont les habitants des côtes grecques et turques. Des habitants souvent désemparés face à cette mort au quotidien. Au-delà des accords politiques, il y a d'abord cette réalité humaine.
Dans le nord-ouest de la Turquie, pour les habitants du petit village de pêcheurs de Dikili, dans la province d'Izmir, comme pour ceux de la très chic station balnéaire de Cesme, le quotidien est rythmé depuis un an par ces tragédies dont ils sont les témoins souvent impuissants. Recueillir leur témoignage, c'est aussi raconter ceux qui ont tenté ces voyages pour un ailleurs inconnu. Des vies qui ont pris fin sur un canot de fortune, à la merci des vagues.