Le grand parti centriste brésilien PMDB a quitté la coalition de Dilma Roussef. Un revers de taille pour la présidente empêtrée dans le gigantesque scandale de corruption Petrobras et plus que jamais menacée de destitution.
Menacée de destitution, Dilma Roussef essuie un revers qui pourrait lui être fatal. La présidente brésilienne se voit lâchée par son allié du centre. Le grand parti centriste brésilien PMDB a claqué la porte de la coalition, mardi 29 mars, à deux semaines du vote des députés sur sa destitution.
La direction nationale du parti du vice-président Michel Temer, qui est censé succéder à la chef de l'État en cas de destitution, a officialisé sa "sortie immédiate du gouvernement", appelant ses ministres à en démissionner.
Cet abandon est un nouveau coup dur pour Dilma Rousseff, 68 ans, qui se débat, de plus en plus esseulée, au milieu d'une tempête politique historique envenimée par le gigantesque scandale de corruption Petrobras. Les pro-impeachmment - procédure de destitution - devront obtenir au moins deux tiers des voix des députés (342 sur 513) pour que soit prononcée la mise en accusation de la présidente devant le Sénat, qui aura le dernier mot.
Le PMDB éternel faiseur de rois
Homme d'appareil discret, Michel Temer, 75 ans, ne dissimule plus son ambition de succéder rapidement à Dilma Rousseff. Cet avocat de formation a orchestré ces derniers jours en personne le débarquement du PMDB d'un navire présidentiel au bord du naufrage.
Arbitre de toutes les majorités au Brésil depuis 1994, le PMDB comptait encore ce week-end sept ministres dans le gouvernement. Il espère maintenant entraîner dans son sillage plusieurs partis indécis du "grand centre" mou de la coalition de Dilma Rousseff pour précipiter sa chute et livrer la présidence sur un plateau à son chef Michel Temer. Le PP (centre-droit), troisième formation parlementaire avec 49 députés, doit prendre position mercredi. Et le PSD (centre-gauche), divisé entre pro et anti-impeachment, a donné lundi soir la liberté de vote à ses 34 députés.
Une "tentative de coup d'État" institutionnel
Dilma Rousseff est accusée d'avoir fait supporter temporairement à des banques publiques des dépenses incombant au gouvernement, afin, selon l'opposition, de dissimuler l'ampleur des déficits publics, en 2014, année de sa réélection, et en 2015.
Elle se serait ainsi rendue coupable d'un "crime de responsabilité" administrative, prévu par la Constitution. Pour sa défense, la présidente rappelle que tous ses prédécesseurs ont eu recours à cette pratique et dénonce une procédure "sans fondement légal", masquant une "tentative de coup d'État" institutionnel.
Face au climat de débandade générale, le camp présidentiel cherche à stopper l'hémorragie en tentant de convaincre les parlementaires, député par député, de ne pas voter la destitution. Il propose en contrepartie des portefeuilles ministériels et les quelque 600 postes divers que laissera vacants le PMDB au sein de la machine gouvernementale.
L'embrasement de la crise politique brésilienne en mars a considérablement affaibli la présidente Rousseff, dont la popularité stagne à un seuil historiquement bas de 10 %. Quelque 68 % des Brésiliens veulent son départ, selon un récent sondage.
Avec AFP