La coalition de la présidente brésilienne Dilma Rousseff semblait au bord de l’implosion, mardi, après la décision du parti centriste de Michel Temer de se réunir pour claquer la porte du gouvernement.
Un nouveau coup dur pour Dilma Rousseff. La présidente brésilienne, mise en cause dans un scandale de corruption, est sur le point de perdre son principal partenaire au pouvoir. Le Parti du mouvement démocratique brésilien ( PMDB) du vice-président brésilien Michel Temer a en effet convoqué une réunion, mardi 29 mars, pour se prononcer sur son maintien au gouvernement.
Des responsables du parti estiment que 70 à 80 % des 119 membres de la direction du PMDB devraient se prononcer pour la fin de l’alliance avec Dilma Rousseff et son Parti des travailleurs (PT).
Une rupture formelle laisserait les parlementaires du PMDB libres de voter la destitution de Dilma Roussef, début mai au Congrès. Une procédure qui permettrait à Michel Temer – dont le parti est également soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin – d’assurer l’intérim.
Lundi déjà, le ministre PMDB du Tourisme, Henrique Eduardo Alves, a annoncé sa démission. "Le dialogue, j’ai le regret de le dire, est arrivé à son terme", a-t-il écrit dans sa lettre de démission à Dilma Rousseff.
Temer "prêt" à devenir président
Des conseillers de Temer ont déclaré que le vice-président était prêt à assumer les fonctions de chef de l’État et à tenter de sortir le pays de la récession. Plusieurs médias brésiliens ont rapporté pendant le week-end que l’entourage de Temer était en train d’élaborer un programme de travail pour ses premières semaines de présidence.
La Bourse de Sao Paulo a gagné plus de 2 % lundi et le réal s’est apprécié face au dollar, bénéficiant des informations sur un possible départ de Dilma Rousseff.
Cette dernière est accusée d’avoir maquillé les comptes publics pour faciliter sa réélection en 2014, des faits qui s’ajoutent à la crise politique liée à l’enquête sur un système de corruption à grande échelle impliquant plusieurs des principales entreprises du pays, à commencer par le géant pétrolier Petrobras.
L’ordre brésilien des avocats (OAB) a réclamé lundi l’ouverture d’une nouvelle procédure de destitution à l’encontre de Dilma Rousseff, qu’il accuse aussi d’obstruction à la justice et d’avoir accordé des exemptions fiscales à la Fédération internationale de football (Fifa) lors de la Coupe du monde 2014.
Obstruction à la justice
Des partisans de la présidente ont tenté lundi d’empêcher physiquement l’OAB de déposer sa requête devant la chambre basse du Parlement brésilien aux cris de "Não passaram" ("Ils ne passeront pas"), cri de ralliement traditionnel de la gauche.
Parmi les éléments présentés par l’OAB, la question de l’obstruction à la marche de la justice est peut-être la plus sensible pour Dilma Rousseff. L’accusation est fondée sur les aveux du sénateur Delcidio Amaral, ancien allié de la présidente.
L’OAB reproche en outre à Dilma Rousseff d’avoir fait entrer dans son gouvernement son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva, afin de le préserver des poursuites judiciaires.
L’organisation, qui représente un million d’avocats brésiliens, accuse également la présidente d’avoir attenté aux intérêts du pays en dispensant la Fifa d’impôts lors de la Coupe du monde 2014.
Cette nouvelle requête vient s’ajouter à la dizaine d’autres que le président de la chambre basse, Eduardo Cunha, doit examiner. Eduardo Cunha, adversaire farouche de Dilma Rousseff, est lui même visé dans le scandale Petrobras.
Avec AFP