Des milliers de personnes étaient rassemblées jeudi dans plusieurs grandes villes françaises contre le projet de loi modifiant le droit du travail, présenté en Conseil des ministres. À Paris et Nantes, des manifestations de jeunes ont dégénéré.
Environ 43 000 personnes ont manifesté contre le projet de loi modifiant le droit du travail ont été organisées jeudi 24 mars dans toute la France, alors que le texte était présenté en Conseil des ministres. Des défilés avaient lieu à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Grenoble ou encore Besançon, à l'appel de sept syndicats et organisations de lycéens et étudiants (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl).
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Les manifestations ont dégénéré dans l'après-midi à Nantes et à Paris. Plus de vingt personnes ont été interpellées, dont quinze à Paris. Une "bombe agricole" a été lancée devant le ministère des Affaires sociales à Paris, selon le journaliste de Libération Sylvain Mouillard qui se trouvait sur place.
Des CRS ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des jeunes, dont certains étaient cagoulés, qui criaient "Tous à l'Assemblée", a constaté une journaliste de l'AFP.
Plusieurs milliers d'étudiants et de lycéens, rejoints par des salariés, avaient commencé à manifester à 13h30, du quartier Montparnasse aux Invalides, derrière une banderole "La nuit c'est fait pour baiser, pas pour travailler".
Un jeune de 15 ans aurait été victime de violences policière aux abords du lycée Henri Bergson dans le XIXe arrondissement de Paris. Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on voit un jeune à terre face à un policier qui crie "lève toi !". Alors qu'il est en train de se relever, tenu par deux policiers, un des fonctionnaires lui assène un coup de poing violent.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a ouvert une enquête à la suite de la diffusion de cette vidéo.
À Nantes, des incidents ont opposé à plusieurs reprises les forces de l'ordre à des manifestants cagoulés dans des face-à-face tendus, lors d'un défilé rassemblant entre 6 000 et 8 000 personnes contre la loi travail, a constaté une journaliste de l'AFP.
À Caen aussi, des lycéens ont fait face à la police an tentant de bloquer les accès au centre-ville. Et à Rouen, des violence ont eu lieu devant une permanence du parti socialiste.
Soutien des "réformistes"
Le projet El Khomri "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" comprend de nouveaux droits, dont le compte personnel d'activité (CPA), des moyens syndicaux accrus ou l'extension de la garantie jeunes.
Cette réforme, vraisemblablement la dernière du quinquennat, a été partiellement réécrite après la bronca politique, syndicale et de jeunes, qui y ont vu un texte trop libéral et peu sécurisant pour le salarié : grèves, manifestations, pétition record (un million de signatures en deux semaines), tribune incendiaire de Martine Aubry, réunions PS électriques ont jalonné son parcours.
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Désormais, il n'est plus question de plafonner les indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, au grand dam du patronat, ni d'autoriser des décisions unilatérales de l'employeur sans accord dans les entreprises de moins de 50 salariés pour le forfait-jour ou les astreintes.
Ces modifications ont permis à l'exécutif d'obtenir les soutiens précieux des syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa), ainsi que de la majorité. Mais les "réformistes" comptent sur son amélioration, notamment sur l'article portant sur les licenciements économiques, réécrit à la marge.
Avec AFP