
Le numéro deux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que la planète est "vraiment très, très près" d'une pandémie de grippe A (H1N1). L'organisation s'apprêterait à déclencher le niveau d'alerte pandémique maximum.
Compte tenu de la progression du virus de la grippe A (H1N1), le Dr Keiji Fukuda, numéro deux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré mardi soir que le monde était "très, très près" de la pandémie. L’OMS pourrait déclencher son niveau d’alerte 6, le plus élevé.
Au 10 juin, l’OMS a recensé 26 563 cas de grippe A (H1N1) dans 73 pays, ainsi que 140 morts.
Contrairement à ce qu’avait laissé entendre l’organisation, la gravité des cas ne devrait pas être prise en compte pour déclarer la première pandémie grippale du siècle. Elle ne retiendra que le critère géographique, à savoir la détection du virus dans deux régions du monde différentes.
"Passer en phase six signifie que la propagation [du virus, NDLR] continue, mais ne signifie pas que la gravité de la maladie a augmenté", a clairement expliqué le Dr Fukuda, reconnaissant cependant que cela pouvait paraître "paradoxal".
Basée à Genève, l'OMS est toutefois soucieuse d'éviter une panique injustifiée, compte tenu de la virulence relativement faible du virus, équivalente à celle d'une grippe saisonnière à ce jour.
"Nous ne voulons pas que les gens cèdent à la panique de manière excessive" à la perspective du passage au niveau 6 de l'alerte pandémique, a expliqué le Dr Keiji Fukuda.
Des cas mortels dans sept pays
L'organisation veut, en outre, s’assurer que les gouvernements se donnent les moyens de réagir de manière appropriée, en adaptant leur riposte à la propagation du virus.
En France, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a déclaré lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi place Beauvau en compagnie de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, que "si l’OMS décide de passer en niveau 6, nous avons des procédures spécifiques pour adapter notre dispositif actuel qui est déjà précis et rigoureux".
Depuis le début de l’épidémie, 73 personnes ont été atteintes par le virus de la grippe A (H1N1) en France, a pour sa part indiqué Françoise Weber, directrice générale de l’Institut de veille sanitaire (InVS), présente aux côtés des ministres de l’Intérieur et de la Santé.
65 de ces 73 cas ont été "importés", c'est-à-dire contaminés à l'étranger. Les autres l’ont été de façon secondaire par des voyageurs. Vingt-cinq cas suspects sont en cours d’examen.
Ailleurs dans le monde, l'activité du virus "monte en flèche dans plusieurs pays", selon le Dr Keiji Fukuda, notamment dans l'hémisphère Sud, a-t-il ajouté, citant en particulier le Chili et l'Australie.
De son côté, la Colombie a enregistré son premier cas mortel. Une jeune femme de 24 ans est décédée, mardi, à Bogota, des suites d'une contamination par le virus de la grippe A (H1N1). Le pays compte 35 cas de la maladie.
La Colombie est le septième pays à enregistrer des cas mortels du virus, après le Mexique, foyer de l'épidémie et État le plus touché avec 108 décès, les États-Unis, le Canada, le Chili, le Costa Rica et la République dominicaine.
À Bruxelles, la Commission européenne prône une stratégie commune de vaccination contre la grippe pour définir les populations à traiter en priorité. Mais les pays de l'Union européenne souhaitent, eux, un temps de réflexion.