Arrêté vendredi, Salah Abdeslam, le logisticien présumé des attentats du 13 novembre, a été placé sous mandat d'arrêt samedi. Il est inculpé pour "meurtres terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste".
Suspect-clé des sanglants attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam, en fuite depuis plus de quatre mois, a été capturé, vendredi 18 mars, dans la commune bruxelloise de Molenbeek. Le juge d'instruction en charge du dossier l'a placé samedi sous mandat d'arrêt, a indiqué son avocat Me Sven Mary.
Le parquet fédéral belge l'a inculpé samedi pour "meurtres terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste" dans le cadre de l'enquête sur les attaques du 13 novembre 2015.
Un complice, "le soi-disant Monir Ahmed Alaaj alias Amine Choukri", arrêté en même temps que lui vendredi à Bruxelles, a été inculpé des mêmes chefs d'accusation et a également été placé en détention, a précisé le parquet dans un communiqué.
Surnommé "l'ennemi public numéro un" après les attentats qui avaient fait 130 morts le 13 novembre à Paris et Saint-Denis, Salah Abdeslam, Français de 26 ans, a été blessé à la jambe durant l'intervention des forces de l'ordre. Il a été hospitalisé, en compagnie d'un de ses complices, à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles avant d'en sortir samedi matin.
Visé par un mandat d'arrêt européen déposé par Paris à la suite des attentats du 13 novembre, il devrait être transféré vers la France.
"J'ai une pensée pour les victimes des attentats [...] à Paris et à Saint-Denis parce que Salah Abdeslam est directement lié à la préparation, à l'organisation et hélas la perpétration de ces attentats", a réagi François Hollande, annonçant la réunion d'un Conseil de défense à l'Elysée ce samedi matin. Le président français, qui se trouve à Bruxelles pour un sommet européen, a dit s'attendre à ce que les autorités belges répondent le plus favorablement possible, le plus rapidement possible" à une demande d'extradition.
Le Premier ministre belge Charles Michel a de son côté affirmé qu’une extradition du terroriste présumé, qui était sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, devrait se faire rapidement et facilement vers la France, rapporte l'envoyé spécial de France 24 à Molenbeek, Julien Muntzer.
Tweet de Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles
Les 2 présumés terroristes ont quitté le CHUStPierre @VilleBruxelles Bravo et merci à tout le personnel de l'hôpital et aux forces de police
— yvan mayeur (@YvanMayeur) 19 mars 2016Un complice a également été appréhendé après avoir été légèrement blessé, a précisé le parquet fédéral belge. Il avait utilisé ces derniers mois un faux passeport syrien, au nom de Monir Ahmed Alaaj, et une fausse carte d'identité belge, au nom d'Amine Choukri.
Par ailleurs, trois "membres de la famille qui hébergeait" Abdeslam à Molenbeek ont été interpellés.
La famille Abdeslam, quant à elle, s'est déclarée "soulagée" de cette arrestation par la voix de son avocat. "D'abord parce que Salah a été arrêté vivant. C'était une des espérances de la famille. Soulagement également parce que la chasse à l'homme a pris fin, et qu'il faut se rendre compte que cette famille est sous pression non-stop depuis quatre mois", a déclaré Me Nathalie Gallant à la télévision belge RTBF.
"Soit Salah Abdeslam était très malin, soit les services belges étaient nuls"
Ce spectaculaire dénouement a montré que "tous ceux qui ont permis, organisé ou facilité" les attentats de Paris étaient "beaucoup plus nombreux que ce que nous avions pu à un moment penser", a expliqué François Hollande.
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Salah Abdeslam, petit délinquant radicalisé n'ayant jamais combattu en Syrie, est soupçonné d'avoir eu au moins un rôle-clé de logisticien dans les attentats du 13 novembre, revendiqués par l’organisation de l’État islamique (EI).
>> À lire sur France 24 : "Attentats du 13 novembre : reconstitution de l'attaque du Bataclan"
Quelques jours avant les attentats, il avait loué des voitures et plusieurs logements en région parisienne pour le commando. Après avoir sans doute convoyé le soir des tueries les kamikazes du Stade de France, il avait appelé à la rescousse deux amis bruxellois et échappé à trois barrages policiers sur la route du retour vers Bruxelles, puis disparu pendant plus de quatre mois. L'enquête devra également déterminer si la ceinture explosive, retrouvée dans une poubelle à Montrouge, au sud de la capitale, après les attentats, lui appartenait.
"Cette longue cavale n'est pas un grand succès pour les services de renseignement belges", a estimé le député LR (opposition) français Alain Marsaud dans un entretien à paraître samedi dans les journaux du groupe français EBRA. "Soit Salah Abdeslam était très malin, soit les services belges étaient nuls, ce qui est plus vraisemblable."
Incarcéré à la prison de Bruges
La traque s'était brutalement accélérée cette semaine au détour d'une perquisition de routine dans un appartement de Forest, commune mitoyenne de Molenbeek. Une fusillade avait éclaté entre les policiers et trois hommes armés qui s'y cachaient. La police en avait abattu un, mais ses deux complices ont pris la fuite.
Interpol a recommandé samedi à ses États membres de renforcer leur vigilance à leurs frontières pour prévenir la fuite d'éventuels complices de Salah Abdeslam.
Salah Abdeslam a été incarcéré samedi soir à la prison de Bruges, qui abrite un quartier de haute sécurité et où est actuellement incarcéré Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles. À son arrivée, il devait être placé dans l'aile réservée aux détenus les plus dangereux, a expliqué à l'AFP Kathleen Van de Vijver, porte-parole des prisons belges.
Cette partie de la prison, au niveau de sécurité maximum, a été construite en 2008 pour héberger "des personnes qui présentent un risque d'évasion et ceux qui ont des problèmes de comportement dans une prison normale".
Avec AFP