
La commissaire européenne à la Santé, Androulla Vassiliou, appelle les Vingt-Sept à définir une stratégie commune de vaccination contre la grippe A (H1N1). L'OMS, de son côté, craint l'imminence d'une pandémie mondiale.
AFP - La Commission européenne a prôné mardi une stratégie commune de vaccination contre la grippe porcine pour définir des populations à traiter prioritairement, au moment où le risque de pandémie se rapproche, mais les pays de l'UE veulent un temps de réflexion.
"Je crois que c'est très important que les Etats membres se mettent d'accord sur les modalités de production, de disponibilité et de distribution des vaccins", a déclaré la commissaire européenne à la Santé Androulla Vassiliou à l'occasion d'une réunion des ministres européens de la Santé à Luxembourg.
"Nous n'aurons pas dès le premier jour des quantités énormes de vaccins disponibles" et "nous devons établir des groupes prioritaires de personnes à vacciner en premier", a estimé la commissaire.
"Le virus n'a pas de frontières, si nous ne pouvons pas couvrir ces groupes prioritaires, tous les Etats européens seront en danger", a-t-elle prévenu.
Deux catégories pourraient être ciblées: les personnes travaillant dans des services jugés essentiels (soit environ 5% de la population européenne, ou 25 millions de personnes) et les plus vulnérables du fait de leur âge ou de leur condition physique (environ 30% de la population, soit 150 millions de personnes).
Dans un document distribué mardi aux ministres, la Commission juge que des différences majeures dans l'UE sur le choix des populations prioritaires "pourrait paraître étrange au grand public". De telles différences pourraient aussi entraîner "un tourisme aux vaccins".
Le passage à la phase pandémique maximum, qui pourrait être décrétée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), "est dans tous les esprits", a admis Mme Vassiliou. Cette éventualité "rendrait encore plus importante une distribution équitable du vaccin", a-t-elle ajouté.
Pour la ministre tchèque de la Santé Dana Juraskova, dont le pays préside l'UE, "tous les Etats membres sont prêts à collaborer de manière assez exceptionnelle".
Mais elle n'a pas souhaité entrer dans le détail des propositions de Bruxelles. "Il faut une discussion technique pour voir quelles recommandations devraient être prises", a-t-elle noté, "nous nous donnons un peu de temps".
La commissaire Vassiliou espère des décisions concrètes début juillet.
Une coordination est importante, "sinon nous risquons d'être le terrain de jeu de l'industrie pharmaceutique", a plaidé la ministre allemande de la Santé Ulla Schmidt,
L'OMS a fourni trois souches de virus pouvant servir à mettre au point des vaccins contre le virus grippal A(H1N1) d'origine porcine, aviaire et humaine.
Selon Bruxelles, il faudra au minimum 4 à 5 mois pour qu'un vaccin arrive sur le marché avec autorisation, mais il pourrait être judicieux d'allonger cette période d'un point de vue sécuritaire.
Les fabricants de vaccins pourront demander une autorisation de mise sur le marché au niveau national ou européen, la Commission privilégiant cette dernière voie "plus rapide et flexible".
Bruxelles a connaissance de sept pays en Europe ayant déjà pré-acheté des vaccins, dont par exemple la France ou les Pays-Bas, tandis que des négociations sont en cours dans neuf autres Etats.
Tous ces contrats seront honorés prioritairement ont déjà indiqué les fabricants, ce qui pourrait léser les pays n'ayant pas pris les devants.
La Commission veut cependant que la distribution de vaccins par l'industrie suive "des critères d'intérêt public" et "à cette fin, les autorités de santé publique devraient s'impliquer le plus possible dans la définition de ces critères de distribution".
Le virus A(H1N1) a contaminé 25.288 personnes dans 73 pays et fait 139 morts, selon le dernier bilan de l'OMS.