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L'accusée en larmes à l'ouverture du procès des "bébés congelés"

Accusée d'avoir tué trois de ses enfants à la naissance entre 1999 et 2003, Véronique Courjault a essuyé ses premières larmes à l'ouverture de son procès. Âgée de 41 ans, cette mère de famille encourt la réclusion à perpétuité.

Reuters - Le procès de Véronique Courjault, accusée d'avoir tué trois de ses enfants à la naissance entre 1999 et 2003 et d'avoir conservé les corps de deux d'entre eux dans un congélateur, s'est ouvert mardi à Tours.


La demande de huis clos déposée par les avocats de la partie civile et de la défense pour protéger les enfants du couple a été rejetée par la cour d'assises d'Indre-et-Loire.


Le mari de l'accusée, Jean-Louis Courjault, s'est porté partie civile afin de pouvoir assister aux débats, ce qui n'avait pas été le cas en première instance.


Il a toujours déclaré avoir tout ignoré des grossesses de sa femme. Mis en examen initialement pour "complicité d'assassinats", il a bénéficié d'un non-lieu à la fin de l'instruction en mars 2008, contre l'avis du parquet.


Le procès s'est ouvert à 09h00 (07h00 GMT), après la nomination des jurés. Véronique Courjault est apparue émue à son arrivée et durant la lecture de l'acte d'accusation. Sa famille était présente dans la salle d'audience.


Cette femme de 41 ans, en prison depuis octobre 2006, qui reconnait les faits, encourt la réclusion à perpétuité pour "assassinats". Le procès doit durer jusqu'au 16 juin.


L'affaire dite des "bébés congelés" a mis en lumière un phénomène psychologique inconscient relativement courant appelé "déni de grossesse", par lequel certaines femmes refusent inconsciemment d'être enceintes. Toutefois, les experts judiciaires ne le retiennent finalement pas dans ce dossier et parlent de "refus de maternité" et donc d'acte inconscient.

 

Trois nouveaux-nés étranglés


L'histoire a commencé le 23 juillet 2006 à Séoul, en Corée du Sud, où le couple résidait, quand Jean-Louis Courjault, ingénieur dans ce pays, a découvert deux corps de nouveau-nés dans le congélateur de son domicile et a fait prévenir la police locale par un ami.


Après enquête et tests ADN, Véronique Courjault, qui avait d'abord soutenu publiquement la thèse d'une machination et tenu une conférence de presse le 22 août 2006 sur ce thème, a finalement avoué à la police française avoir étranglé à leur naissance trois enfants mis au monde en secret.


L'un a été tué en France en 1999, et son corps a été incendié dans la cheminée du domicile familial, pendant que sa famille dormait, a-t-elle dit pendant l'instruction.


Les deux autres sont nés en Corée en octobre 2002 et décembre 2003 et leurs corps ont été conservés au congélateur. Ils ont même été transportés lors d'un déménagement.


Des examens génétiques ont confirmé formellement que les enfants morts étaient ceux du couple Courjault. Ils étaient vivants à la naissance, a conclu l'autopsie.

  
Personnalité "hystérique et perverse"


Le couple a déjà deux enfants, Jules et Nicolas, qui ont aujourd'hui 12 et 14 ans.


Les investigations ont conclu que le père avait pu ignorer l'état de grossesse de sa femme, avec laquelle la communication était inexistante. Elle a expliqué avoir pris garde de s'habiller de manière ample lorsqu'elle était enceinte.


La cour d'appel d'Orléans a confirmé le non-lieu de Jean-Louis Courjault, jugeant ce scénario "plausible", d'autant que l'entourage du couple et ses familles ne se sont aperçus de rien non plus.


Evoquant une "cécité psychologique" pour expliquer qu'il n'avait rien compris, il a défendu sa femme à l'instruction et lui rend visite régulièrement en prison.


Les experts psychiatriques décrivent une capacité de l'accusée à se passer de toute émotion sur certains problèmes, ce qui ne serait pas cependant une maladie mentale.


Parlant d'une personnalité "hystérique et perverse", ils évoquent "le plaisir de la dissimulation et le plaisir du pouvoir" qu'aurait éprouvée l'accusé lorsqu'elle a tué puis dissimulé ses enfants morts, tout en conservant les corps.


D'autres experts ont parlé de personnalité "psychotique" mais tous ont avoué dans leur rapport leur perplexité sur ce
cas. Le risque de récidive est nul puisque l'accusée a subi une hystérectomie après un de ses accouchements clandestins, soulignent en tout cas les psychiatres.


Depuis la révélation de l'affaire, plusieurs autres cas de congélation de bébés tués après l'accouchement ont été révélés en France.
 

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