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Affaires de pédophilie : le cardinal Barbarin se défend d'avoir protégé des prêtres

L'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, s'est défendu mardi d'avoir couvert des actes pédophiles, alors que l'Église catholique de France est empêtrée dans des affaires de pédophilie.

En pleine tourmente dans les affaires de pédophilie qui secouent le diocèse de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, l'une des principales figures de l'Église catholique française, s’est défendu mardi 15 mars à Lourdes d’avoir protégé des prêtres accusés de pédophilie.

"Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie", a lancé l'archevêque de Lyon, lors d'une conférence de presse en marge de l'assemblée des évêques à Lourdes.

"C'est inimaginable, cette affaire-là"

Lors de son intervention, Philippe Barbarin a tenté de se justifier, alors qu’une plainte a été déposée en février concernant des actes pédophiles commis au début des années 1990 par un prêtre toujours en activité à Lyon. Cette plainte, déposée contre lui par une personne haut placée au ministère de l'Intérieur, vise des faits de "mise en danger de la vie d'autrui et provocation au suicide", a indiqué le diocèse de Lyon dans un communiqué. Elle fait suite à une première plainte déposée en 2009 à l'encontre du prêtre, classée sans suite par la justice pour cause de prescription.

Le Figaro a publié dans son édition de mardi le témoignage d'une victime présumée, qui dit avoir subi des attouchements de ce prêtre et qui accuse le cardinal Barbarin de n'avoir pris aucune mesure pour éloigner son agresseur des enfants.

"Ce sont des points très troubles de la vie d'un prêtre mais qui n'ont plus rien à voir avec de la pédophilie", a jugé l'archevêque de Lyon, d'après lequel les actes ont été commis sur un jeune âgé de 16 puis 19 ans au moment des faits, dans les années 1990. Le Primat des Gaules a ajouté à propos du prêtre : "Je demande qu'il n'exerce pas son ministère dans le monde entier jusqu'à ce que la justice se fasse".

"Une plainte est déposée contre moi pour incitation au suicide par un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur. De quoi s'agit-il ? Qui ai-je incité au suicide ? C'est inimaginable, cette affaire-là", s’est insurgé Mgr Barbarin, déjà fragilisé par l'affaire Bernard Preynat, du nom d’un autre prêtre mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991. Celui-ci était resté en activité jusqu'au 31 août 2015, après avoir été relevé de ses fonctions.

Une enquête préliminaire a été ordonnée notamment pour "non-dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans", un volet qui pourrait mettre en cause des responsables du diocèse de Lyon, dont le cardinal Barbarin, auquel il est reproché d'avoir agi trop tardivement dans l'affaire Bernard Preynat. "Ça fait 17 ans que je suis évêque. Deux fois, j'ai eu une dénonciation d'actes (...) et immédiatement j'ai suspendu le prêtre", s'est justifié Philippe Barbarin.

Le cardinal répond au Premier ministre

Interrogé mardi matin sur RMC, le Premier ministre a dit attendre de la "clarté" et "des actes" de la part des autorités ecclésiastiques. Le chef du gouvernement a également exhorté le cardinal à prendre "ses responsabilités". "Il faut qu'il entende aussi cette douleur", a-t-il encore déclaré.

"Le Premier ministre me demande de prendre mes responsabilités et je lui promets que je les prends", a-t-il répliqué, se disant confiant dans le fait que Manuel Valls "connaît mieux que [lui] les lois de la République" et "respecte la présomption d'innocence".

Un porte-parole de l'association des victimes d'un prêtre soupçonné de pédophilie à Lyon a jugé "pathétique" l'intervention du cardinal Barbarin mardi à Lourdes, en affirmant que d'autres affaires du même type pourraient sortir prochainement. "Je trouve que là, on touche au pathétique", a déclaré à l'AFP Bertrand Virieux.

Et pour lui, "si le cardinal pense prendre toutes ses responsabilités en se comportant de cette manière et en disant ’Dieu soit loué, les faits sont prescrits’, ce n'est pas du tout quelque chose que les victimes peuvent entendre avec satisfaction", a-t-il ajouté.

Avec AFP et Reuters