La Turquie a bombardé des positions du PKK dans le nord de l'Irak, lundi, au lendemain de l'attentat qui a fait au moins 37 morts à Ankara. L'un des auteurs de l'attaque serait une femme ayant des liens avec le PKK. Quatre suspects ont été arrêtés.
Les autorités turques ont bombardé, lundi 14 mars, des camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) situés dans le nord de l'Irak. Une riposte à l'attentat qui a frappé, la veille au soir, le cœur de la capitale Ankara et qui a fait au moins 37 morts et 125 blessés. Selon un responsable turc, l'un des auteurs de l'attaque-suicide à la voiture piégée serait une femme liée aux rebelles kurdes.
D'après ces sources proche de la sécurité qui s'appuient sur les éléments recueillis sur les lieux du crime, la militante présumée, Seher Cagla Demir, née en 1992 et originaire de la ville de Kars, dans l'est de la Turquie, avait rejoint les rangs du PKK en 2013.
Quelques heures à peine après cette attaque commise dans le centre de la capitale turque, une dizaine de chasseurs-bombardiers ont mené une série de raids contre plusieurs bases des rebelles kurdes dans les montagnes de l'extrême-nord irakien, dans les secteurs de Kandil et Gara, a annoncé l'état-major.
Les autorités turques ont, en outre, décrété un couvre-feu dans la localité de Sirnak, dans le sud de la Turquie, à majorité kurde.
Pas de revendication, ni d'accusation
Par ailleurs, la police turque a arrêté quatre suspects, lundi, dans la ville de Sanliurfa, en lien avec l'attentat, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anatolie. Les forces de l’ordre ont procédé à ce coup de filet sur la foi d'une information indiquant que le véhicule utilisé dans l'attaque avait été acheté dans cette ville du sud-est à forte majorité kurde, proche de la frontière avec la Syrie, selon l'agence.
Selon un dernier bilan, au moins 37 personnes ont été tuées, dont l'un des auteurs de l'attentat-suicide qui serait une femme liée au PKK, a affirmé un responsable turc. Lundi matin, 71 personnes étaient toujours hospitalisées. De nombreux jeunes et étudiants figurent parmi les victimes.
L'attentat commis dimanche soir n'a pas été revendiqué, mais son mode opératoire le rapproche de celui perpétré le 17 février dernier, également en plein centre d'Ankara. Un groupe radical dissident du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), avait revendiqué cette opération et annoncé dans la foulée de nouvelles attaques, notamment contre les sites touristiques du pays.
Selon le gouvernement turc, le véhicule piégé a explosé à 18h45, heure locale, à un arrêt de bus de la très fréquentée place Kizilay, qui abrite de nombreux commerces et où passent plusieurs lignes de bus et de métro. Plusieurs bus et de nombreux véhicules ont été totalement détruits par la puissante déflagration, a constaté un photographe de l'AFP.
Dans leurs premières réactions dimanche soir, le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre n'ont pas formellement mis en cause les rebelles kurdes. Le chef de l'État a dénoncé des "attaques contre l'unité de notre pays et notre peuple" et annoncé des représailles. "Notre État ne renoncera jamais à faire usage de son droit à la légitime défense contre toute menace terroriste", a-t-il déclaré.
Soutien de l'OTAN
L'attentat a été condamné unanimement à l'étranger. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé une "attaque terroriste barbare", le président russe Vladimir Poutine un attentat "inhumain". Les États-Unis ont "fermement condamné" cette attaque et "réaffirmé leur partenariat solide avec la Turquie".
"Tous les alliés de l'Otan sont solidaires de la Turquie, résolus dans leur détermination à combattre le terrorisme sous toutes ses formes", a également déclaré le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.
La Turquie vit depuis l'été dernier en état d'alerte maximale, après une série d'attentats meurtriers, dont quatre ont été attribués par les autorités au groupe État islamique (EI).
Le plus meurtrier d'entre eux, le 10 octobre 2015, avait été perpétré par deux kamikazes qui s'étaient fait exploser au milieu de manifestants de la cause kurde, devant la gare centrale d'Ankara, faisant 103 morts.
Longtemps accusé de complaisance envers les groupes rebelles les plus radicaux, en guerre contre le régime de Damas, Ankara a rejoint l'été dernier la coalition antijihadiste, et multiplié les arrestations pour lutter contre les cellules de l'EI sur son sol.
La Turquie est en outre secouée, depuis juillet 2015, par la reprise du conflit kurde. D'intenses combats opposent ses forces de sécurité au PKK dans de nombreuses villes du sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes. Ces combats ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement turc avec le PKK à l'automne 2012 pour tenter de mettre un terme à une rébellion qui s'est soldée par la mort de plus de 40 000 personnes depuis 1984.
Avec AFP