
Le projet d'accord UE-Turquie ne doit pas donner lieu à des concessions à la Turquie en matière de droits de l'Homme ou de visas, a affirmé samedi François Hollande.
François Hollande a souligné, samedi 12 mars, qu'il n'entendait faire "aucune concession" à la Turquie sur les droits de l'Homme ou sur les visas en échange de garanties sur le contrôle des flux migratoires, après une réunion avec une quinzaine de dirigeants sociaux-démocrates européens à l'Élysée.
"Il ne doit y avoir aucune concession en matière de droits de l'Homme ou de critères de libéralisation des visas", a déclaré le président de la République lors d'une brève déclaration à la presse.
"Nous devons même faire en sorte que cela puisse, dans le contexte que l'on connaît, être un facteur de clarification et de transparence dans les rapports entre la Turquie et l'Europe", a-t-il ajouté. Cela vaut aussi, a ajouté François Hollande, "pour les négociations qui sont d'ailleurs engagées depuis plusieurs années" avec Ankara à propos de son adhésion à l'UE.
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Le président de la République, qui a rappelé que des négociations entre Ankara et les 28 États membres de l'Union européenne devaient reprendre lors d'un sommet européen jeudi et vendredi à Bruxelles, a souligné "l'urgence" de répondre à la "crise profonde" que connaît l'Europe face à la crise des réfugiés.
"Nous devons faire en sorte que les principes soient bien posés pour que les mesures soient les plus conformes à nos valeurs et les plus efficaces", a-t-il insisté.
L'ONU a jugé "illégales" les expulsions collectives envisagées
Le projet d'accord UE-Turquie sur les migrants a suscité cette semaine des questions à propos de sa compatibilité avec les droits de l'Homme : l'ONU a jugé "illégales" les expulsions collectives envisagées, tandis que plusieurs membres des 28 se sont inquiétés de possibles compromissions avec le régime islamo-conservateur d'Ankara.
L'Allemagne, qui a déjà accueilli plus d'un million de migrants, a en revanche défendu le plan, dénonçant avec la Grèce la récente fermeture "unilatérale" de la route des Balkans.
Ébauché lundi lors d'un sommet à Bruxelles et censé offrir enfin une réponse à l'afflux chaotique de réfugiés vers l'Europe, le projet d'accord prévoit la réadmission en Turquie de tous les migrants arrivés clandestinement en Grèce.
En échange, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, à accepter un demandeur d'asile syrien sur leur territoire.
Ankara exige en outre le doublement de 3 à 6 milliards d'euros de l'aide proposée par l'UE pour l'accueil des Syriens qui fuient la guerre dans leur pays. La Turquie a enfin demandé une exemption de visas dès la fin juin pour ses ressortissants voulant voyager dans l'UE, et l'ouverture rapide de négociations sur cinq nouveaux chapitres d'adhésion.
Ces propositions doivent être finalisées d'ici aux 17 et 18 mars, dates du sommet de l'UE. La Turquie accueille actuellement quelque 2,7 millions de réfugiés syriens.
Avec AFP