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Aubry se donne six mois pour offrir un "nouveau cap" au PS

Passablement affaiblie par le score décevant du parti à la rose aux élections européennes, la chef de file des socialistes a averti lors du Conseil national organisé mardi que la formation disposait de six mois pour "changer de cap".

AFP - Martine Aubry a proposé mardi au PS de "changer de cap" en six mois, pour tirer toutes les conséquences de son fiasco aux européennes, après s'être assurée du soutien de Ségolène Royal lors d'une rencontre de conciliation.

Avec 16,48% le 7 juin, le PS, talonné par Europe Ecologie de Daniel Cohn-Bendit, a vu son contingent d'eurodéputés réduit de moitié (14 contre 31).

Admettant lors d'un Conseil National à huis clos "une importante défaite", la première secrétaire a cependant marqué toute sa détermination à poursuivre le combat.

Depuis dimanche soir les critiques ont fusé de toutes parts pour appeler à la "rénovation", certains agitant le spectre d'une disparition du PS, mais aucun ténor n'a demandé la démission de Mme Aubry.

"Nous avons six mois pour changer de cap", a-t-elle averti en ouverture de cette réunion dans un grand hôtel parisien.

Elle a détaillé une feuille de route: "nouvelle gouvernance" (dès la semaine prochaine, avec une équipe resserrée d'une quinzaine de membres, selon ses proches), "engagement de discussions avec l'ensemble de la gauche", éléments du "projet" fin août à La Rochelle, "grande convention sur le nouveau développement social, économique et écologique" avant la fin 2009.

Mme Royal était absente, mais les deux femmes s'étaient rencontrées dans la matinée à son QG du Boulevard Raspail. La présidente de Poitou-Charentes a assuré de son soutien le maire de Lille qui lui a proposé la vice-présidence de l'Internationale socialiste.

Les deux ex-rivales ont "décidé de se consulter régulièrement et en direct".

La présidente de Poitou-Charentes souhaite que "ses équipes soient pleinement impliquées dans le travail en commun".

Le Conseil national s'était ouvert dans "une ambiance lourde" et Jean-Christophe Cambadélis, directeur de campagne, a essuyé quelque sifflets, selon des participants.

"Le parti est tombé dans le formol depuis sept ans. Dernière station service avant le désert", avait asséné le député Arnaud Montebourg à son arrivée.

Outre la nouvelle direction avec des quadras et des quinquas, Mme Aubry devait proposer la "constitution d'un comité avec des grandes figures: Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, François Hollande".

Dans son discours de "mobilisation tourné vers l'avenir", Mme Aubry a appelé à "une profonde refondation": "des idées, à gauche, mais aussi de nos pratiques, nos démarches personnelles et collectives".

Benoît Hamon, battu aux européennes en Ile-de-France, a annoncé sa décision de rester porte-parole alors qu'il avait évoqué son possible retrait.

"Au moment où le PS n'est pas forcément dans la meilleure forme", partir "brouillerait encore plus l'image de ce parti", selon lui.

Il entend rester pour "oeuvrer" au "rassemblement de la gauche" avec notamment les écologistes et les communistes pour "construire une nouvelle espérance" pour 2012".

Pressenti pour rejoindre la direction, l'ex-lieutenant de Mme Royal, Vincent Peillon, a réclamé une réunion "beaucoup plus longue" en juillet pour permettre d'avancer sur l'orientation, les alliances, la future direction et les primaires. "Parler des personnes avant de parler du projet, ce n'est pas ce que les électeurs attendent de nous".

Pierre Moscovici, qui affirme avoir reçu un appel d'offres de la première secrétaire pour entrer dans la direction, a averti: "Il ne faut pas de rafistolage, mais de vrais changements".