Installé en France depuis son retour, le 15 mai, de Cuba, où il a passé sept ans de sa vie, l'Algérien Lakhdar Boumediene évoque les mauvais traitements infligés aux détenus de Guantanamo. Même après l'arrivée d'Obama à la Maison Blanche.
AFP - "Rien n'a changé" à Guantanamo après l'arrivée du président Barack Obama à la Maison Blanche, a affirmé l'Algérien Lakhdar Boumediene, emprisonné pendant sept ans dans la prison créée en 2002 sur une base américaine à Cuba.
"Non, rien n’a changé, c’est le même général, le même amiral, ce sont les mêmes soldats, les mêmes traitements envers les prisonniers, rien n’a changé", a dit M. Boumediene, 42 ans, dans un entretien qui doit être diffusé mardi par Radio France Internationale.
Il répondait à une question sur les changements intervenus dans la prison depuis l'arrivée de M. Obama qui souhaite fermer le centre de détention.
"Lors de mon transfert en avion, j’étais libre. J’avais demandé à aller aux toilettes, un garde m’a répondu: +Oui, à condition de laisser la porte ouverte et que je continue à te filmer+, a-t-il rapporté pour illustrer son propos
"Et pendant que je faisais mes besoins, il continuait à filmer. Je lui ai dit d’arrêter, mais il a répondu: +C’est la loi+. Pourtant j’étais libre, et dans un avion! Vous pouvez imaginer comment ça se passe encore à Guantanamo", a-t-il poursuivi.
Arrêté à l'automne 2001 avec cinq autres Algériens en Bosnie, où il résidait légalement, il avait été remis aux autorités américaines sous le soupçon qu'il fomentait un attentat contre l'ambassade américaine de Sarajevo. Il avait ensuite été transféré à Guantanamo dans les premiers jours d'existence de la prison.
Lakhdar Boumediene a quitté la prison le 15 mai dernier après des années de bataille judiciaire. Il a été autorisé à s'installer en France avec sa famille, faisant de la France le premier pays de l'Union européenne à accueillir un détenu libéré de Guantanamo qui ne soit ni un résident ni un citoyen français.
Il reste aujourd'hui 240 détenus de Guantanamo, la prison que George W. Bush avait créée pour les "combattants ennemis" de la guerre contre le terrorisme lancée en riposte aux attentats du 11 septembre 2001.