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"Spotlight", "The Revenant", "Mad Max" oscarisés... les critiques de France 24

Au lendemain de la 88e cérémonie des Oscars, retrouvez les critiques que France24.com a consacrées, au moment de leur sortie en France, aux principaux gagnants de la soirée.

"The Revenant" devait surclasser la 88e cérémonie des Oscars, mais c’est un palmarès fragmenté que les votants de l’Académie ont proposé dimanche 28 février. Si le film d’Alejandro G. Iñarritu a obtenu deux prestigieuses statuettes – l’une pour son réalisateur et l’autre pour son acteur Leonardo DiCaprio –, l’histoire retiendra que c’est "Spotlight" qui a remporté en 2016 la plus convoitée des récompenses, celle du meilleur film.

"Mad Max : Fury Road" rafle quant à lui la quasi-totalité des Oscars techniques (décors, montage, costumes, maquillage). Le film de George Miller devient ainsi le gagnant 2016 du plus grand nombre de trophées. Grande sensation du dernier Festival de Cannes, "Le Fils de Saul" repart, sans surprise, avec l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. On s’y attendait également : les studios Disney, propriétaires de Pixar, ont décroché leur énième statuette dorée de leur histoire grâce à "Vice-Versa".

Retrouvez les critiques de France 24 consacrées à ces films lors de leur sortie en France ou de leur présentation au dernier Festival de Cannes.

• "Spotlight" : le film plaidoyer pour le journalisme d'investigation

Au-delà du récit - captivant - de l’enquête, cet efficace thriller sonne comme un vibrant plaidoyer pour un journalisme qui prend son temps, ne cède pas à la précipitation et préfère œuvrer pour la vérité que pour le bruit médiatique. Nous sommes avant l’avènement d’Internet et le papier a (encore) de la valeur. C’est, du moins, ce dont est persuadé Marty Baron (Liev Schreiber, excellent), le nouveau patron du Boston Globe qui constitue, de loin, le personnage le plus intéressant du film.

Débauché d’un quotidien de Miami pour relancer une publication aux ventes moribondes, cet homme froid et distant débarque à la rédaction précédé d'une réputation de tueur qui tranche autant dans le vif que dans les effectifs. Mais plutôt que de contraindre ses équipes "à faire plus avec moins", Marty Baron pousse le quotidien à redevenir ce qu’il était avant de s’endormir gentiment sur ses lauriers : un journal d’investigation. >> Lire la suite…

• "The Revenant" : le chemin de croix de DiCaprio dans l’Amérique des pionniers

Sept fois à terre, huit fois debout". L’adage nous vient du Japon mais aurait pu tout aussi bien trouver sa source dans l’Amérique des pionniers telle que nous le montre le cinéaste mexicain Alejandro Gonzales Iñarritu dans "The Revenant". Le "revenant" en question n’est pas un fantôme mais un être de chair et d’os dont la capacité quasi surhumaine de résilience constitue l’enjeu principal de ce film d’action hors norme, sauvage, sensoriel.

Dans le rôle titre, Leonardo DiCaprio ne ménage pas ses efforts. Rarement un acteur aura dû subir à l’écran autant de supplices. Attaqué par un Amérindien arikara, salement amoché par un grizzly (la scène est impressionnante de sauvagerie animale), emporté dans un torrent, laissé pour mort en plein territoire indien par ses compagnons de route, précipité dans un ravin alors qu’il tente d’échapper à une horde de cruels "coureurs des bois", le comédien fait preuve d’un tel sens du sacrifice qu’on ne peut s’empêcher d’y déceler une irrépressible envie de rafler l’Oscar dont Hollywood l’a toujours privé. À voir l’enthousiasme suscité outre-Atlantique par sa prestation, on imagine d’ailleurs mal comment la statuette pourrait lui échapper le 28 février prochain. >> Lire la suite...

• "Mad Max : Fury Road" : le bruit et la fureur qui réveillent le film d’action

Cela faisait bien longtemps qu’un studio américain – en l’occurrence la Warner – n’avait produit pareil morceau de bravoure. Quasiment filmé comme un huis-clos motorisé (les rares fois où les protagonistes descendent de leur véhicule vrombissant se comptent sur les doigts de la main), "Mad Max : Fury Road" offre deux heures de spectacle éblouissant de bruit, de fureur et d’inventivité visuelle.

À l’heure où Hollywood recycle laborieusement ses super-héros au gré d’interminables suites, "préquels", "reboots" et autres grosses ficelles commerciales au bord de l’usure, on se réjouira de ce que la franchise post-apocalyptique ait su réinventer un mythe longtemps abandonné aux sables australiens. Première réussite : la capacité de Tom Hardy à rapidement faire oublier Mel Gibson qui, pourtant, incarne encore dans l’inconscient collectif le célèbre fou du volant. >> Lire la suite…

La bande annonce du jour

• "Le Fils de Saul" : une plongée dans l'horreur d'Auschwitz

L’Holocauste est un territoire familier du cinéma. Hollywood, surtout, s’y aventure régulièrement, puisant superficiellement dans ce terreau dramatique pour ficeler des intrigues bien éloignées des réalités historiques ("X-Men : le commencement" en est l’exemple le plus récent). Rarement en tous cas, la Shoah ne fut représentée avec ce souci d’immersion qui caractérise "Le Fils de Saul", éprouvant premier long-métrage de László Nemes dont l’unique décor est celui de l’enfer des camps de la mort nazis.

Plus exactement, le film se déroule à Auschwitz-Birkenau, en cet octobre 1944 où, l’arrivée de l’armée soviétique étant annoncée comme imminente, le camp est entièrement voué à l’anéantissement des juifs hongrois. Saul Auslander (littéralement "Saul l’étranger", en allemand) est l’un d’eux. Il se sait condamné mais bénéficie pour l’heure d’un abject sursis : il a été choisi par les SS pour faire partie des Sonderkommando, cette unité de déportés contraints de mener les juifs dans les chambres à gaz, de transporter les corps jusqu’au crématorium et de disperser les cendres dans le cours d’eau le plus proche. >> Lire la suite…

• "Vice-Versa" : l'épatante aventure intérieure signée Pixar

Depuis plus de 20 ans, le studio californien d’animation a toujours su faire montre d'une grande justesse lorsqu’il s’agit de décrire les joies et les affres de l’enfance. Mais jusqu’alors, Pixar s’était toujours limité aux univers périphériques de l’âge tendre, se contentant de donner chair aux chimères qui peuplent l’imaginaire des plus jeunes, tels les jouets de "Toy Story" luttant pour leur survie ou les créatures de "Monstres & Cie" s’employant à démontrer leur bienveillance.

Avec "Vice-Versa", la société de production franchit un cap supplémentaire en s’installant carrément dans la tête d’une gamine de 11 ans prénommée Riley. On imagine l’incrédulité des patrons du studio lorsque Pete Docter leur exposa ce projet d’aventure intérieure, de plongée radicale dans un inconnu dont les rouages échappent encore à l’expertise des meilleurs neurophysiciens. Jugé irréalisable, bien trop complexe, et pas forcément divertissant (qui a envie de se balader pendant une heure et demie au milieu des synapses, du cortex ou de l’hippocampe ?), le film faillit d’ailleurs ne jamais voir le jour. >> Lire la suite…