D'intenses raids aériens de la Russie ont été signalés contre les zones tenues par les rebelles syriens à l'est de Damas, quelques heures avant l'entrée en vigueur du plan de cessation des hostilités.
L'aviation russe a bombardé intensément plusieurs bastions rebelles vendredi 26 février en Syrie, alors que l'accord de cessation des hostilités conclu entre les États-Unis et la Russie est censé entrer en vigueur dans quelques heures.
Cette trêve entre régime et rebelles, la première du genre en près de cinq ans de guerre, doit être appliquée à partir de samedi à 00H00 locale (22H00 GMT vendredi) mais les grandes puissances, les pays régionaux et les belligérants restent très sceptiques.
Le régime de Bachar al-Assad, l'opposition armée et les forces kurdes ont annoncé qu'ils respecteraient le cessez-le-feu dans le conflit qui a fait plus de 270 000 morts, déplacé plus de la moitié de la population et déstabilisé le Moyen-Orient et l'Europe avec son lot de réfugiés notamment.
Mais le cessez-le-feu est partiel puisqu'il exclut les puissants groupes jihadistes que sont l'organisation de l'État islamique (EI) et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui occupent de vastes territoires et continueront par conséquent à être visés par les opérations du régime, les frappes russes et celle de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Les rebelles syriens sont très affaiblis par la montée en puissance de ces groupes jihadistes et ne contrôlent plus qu'une partie minime du territoire, notamment près de Damas, à Alep (nord) et à Homs (centre).
Ce sont ces bastions rebelles que l'aviation russe a violemment bombardés ces dernières heures. De nombreux raids ont visé la Ghouta orientale, un des plus importants bastions de la rébellion, et les forces du régime bombardent violemment sa principale ville, Douma, selon des sources concordantes.
L'application de la trêve devrait être très compliquée
L'application de la trêve devrait être très compliquée, vu que le Front Al-Nosra et les rebelles sont alliés dans plusieurs régions, face au régime.
Les modalités de l'accord semblent en outre très complexes et doivent être finalisées plus tard dans la journée à Genève par une "task force" regroupant les représentants des 17 membres du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) et dirigée par Washington et Moscou, parrains de la trêve.
En plus de la complexité sur le terrain, les alliances sont également multiples : la Russie, l'Iran et le Hezbollah libanais soutiennent le régime Assad alors que les États-Unis, l'Arabie saoudite et la Turquie notamment appuient les rebelles. La Russie et les États-Unis bombardement en outre l'EI et Al-Nosra.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait au même moment adopter une résolution qui entérinera l'accord de cessation des hostilités et exigera son application par toutes les parties prenantes, selon des diplomates.
Un plan B ?
Les acteurs internationaux ne semblent toutefois pas croire aux chances de mettre fin à ce bourbier.
Même le secrétaire d'État John Kerry, habituellement optimiste, s'est dit toute la semaine "sans illusion" et a brandi la menace d'un mystérieux "plan B", si le régime et ses alliés faisaient péricliter le très mince espoir d'un règlement.
Barack Obama a admis jeudi qu'"aucun d'entre nous ne se faisait la moindre illusion". "Les jours à venir seront cruciaux, le monde regardera", a-t-il dit, insistant sur la responsabilité de Damas et Moscou dans cette première étape pour espérer mettre fin au "chaos" syrien. "Toutes les parties (qui se sont engagées) doivent mettre fin aux attaques, y compris les frappes aériennes, et l'aide humanitaire doit pouvoir être acheminée vers les zones assiégées", a-t-il rappelé, lâchant même qu'il restait à "prier pour que la Syrie reste unifiée".
Et "si cela ne marche pas ?", s'est-il interrogé. Alors, "la Syrie sera complètement détruite, l'Europe sera submergée par encore plus de migrants (...) les troubles et la dislocation seront bien pires que ce qui représente déjà le plus grand défi humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale".
Avec AFP