
Le président sud-africain Jacob Zuma a accepté, mardi, de rembourser une partie de l’argent public dépensé pour rénover sa résidence privée à Nkandla, dans l'est du pays. Ce scandale de corruption a jeté des milliers de manifestants dans les rues.
C’est un boulet à 20 millions d’euros dont le président sud-africain Jacob Zuma aimerait bien se débarasser. Alors que 5 000 opposants manifestaient devant la Cour constitutionelle, la défense du chef de l’État a concédé, mardi 9 février, qu’il devrait "réparer son erreur".
L’erreur en question : une villa rénovée à grand renfort de fonds publics dans le village de Nkandla, dans l’est du pays.
"Pour mettre un terme à cette interminable dispute (...) le président propose que le montant qu'il doit rembourser soit fixé de manière indépendante et impartiale", a confirmé la présidence dans un communiqué publié mercredi.
"Rends l'argent !"
Le scandale de Nkandla, révélé dès 2009, est une épine dans le pied du président sud-africain, qui ne peut plus paraître au Parlement sans que certains députés ne scandent : "Rends l'argent ! Rends l'argent !".
Sous couvert de travaux de sécurité, la maison avait notamment été enrichie d'un poulailler, d'un amphithéâtre ou encore d'une piscine, aux frais du contribuable. Les factures avaient en outre été apparemment gonflées. Au total, les dépenses s’élevaient à environ 220 millions de rands, soit l'équivalent de 20 millions d'euros de l'époque.
Le scandale a été amplifié début 2014 lorsque la médiatrice de la République, chargée de veiller à l'utilisation des deniers de l'État, a rendu un rapport accusant Jacob Zuma d'avoir "indument bénéficié" des travaux. Elle avait recommandé qu'il rembourse une partie des sommes.
Mais pendant de longs mois, Jacob Zuma, exonéré de toute responsabilité par sa majorité parlementaire, avait refusé de rembourser un centime.
Volte-face
Ce changement de tactique intervient à quelques mois d'élections locales clés et juste avant le discours, jeudi, devant le parlement, de Jacob Zuma sur l'état de la nation.
Mercredi matin, Mmusi Maimane, le leader du principal parti d'opposition l'Alliance démocratique (DA), a annoncé que son parti maintenait son action devant la Cour constitutionnelle afin de contraindre le président Zuma à rembourser tout l'argent.
"Le DA a décidé de poursuivre son action en présentant ses arguments devant la Cour constitutionnelle le 9 février prochain", a expliqué Mmusi Maimane lors d'une conférence de presse au Cap, estimant que l'offre de Jacob Zuma ne "respectait pas les préconisations de la médiatrice de la République".
"Pendant trop longtemps le président Zuma et l'ANC (Congrès national africain) ont tout fait pour saper le travail de la médiatrice de la République et la Constitution", a conclu le chef de l'opposition.
Depuis deux ans, le "Nkandlagate" est désormais un sujet de plaisanteries amères dans le pays, depuis qu'une première commission d'enquête, parlementaire, avait affirmé que les rénovations étaient en fait des travaux de "sécurité".
La piscine avait été notamment décrite comme "un réservoir d'eau" en cas d'incendie.
Avec AFP