
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en urgence, dimanche, à New York, à la suite du lancement d'une fusée de longue portée nord-coréenne, tirée dans la matinée, en dépit des avertissements de la communauté internationale.
Comme un nouveau défi à la communauté internationale, Pyongyang a tiré, dimanche 7 février, une fusée à longue portée. Elle a été mise à feu vers 9 h locales (1 h 30 à Paris), depuis le pas de tir de Tongchang-ri, dans le nord-ouest du pays, a expliqué le ministère sud-coréen de la Défense, qui surveillait la base de lancement. Elle a ensuite pris la direction du Sud, au-dessus de la mer Jaune et aurait réussi à mettre un objet en orbite, selon le Département américain de la Défense.
S’il est encore trop tôt pour parler de succès ou d’échec, la télévision officielle nord-coréenne a affirmé que ce tir avait permis de "placer avec succès [le] satellite d’observation de la Terre Kwangmyong 4 [...] en orbite". La Corée du Nord soutient que son programme spatial a des visées purement scientifiques, mais la plupart des autres pays considèrent qu'il s'agit plutôt d'une couverture pour des essais de missiles balistiques, visant à développer des armements capables de frapper le territoire américain.
"Une violation des résolutions pertinentes de l'ONU"
Le Conseil de sécurité de l'ONU a donc aussitôt annoncé qu’il se réunirait en urgence, dimanche matin à New York, à 11 h locales (17 h à Paris), pour discuter de nouvelles sanctions à infliger au régime. Cette réunion, sous la forme de consultations à huis clos entre les 15 pays membres du Conseil, a été demandée par les États-Unis et le Japon, membres du Conseil, et la Corée du Sud.
Dans une lettre conjointe, Washington et Tokyo soulignent que "le lancement d'un prétendu ‘satellite’ par la Corée du Nord est une violation des résolutions pertinentes de l'ONU" qui interdisent à Pyongyang toute activité balistique ou nucléaire. Le chef de gouvernement japonais Shinzo Abe a par ailleurs dénoncé un tir "absolument intolérable". De son côté, Washington a fustigé une action "déstabilisatrice et provocatrice".
La France a, quant à elle, dénoncé "avec la plus grande fermeté la nouvelle violation flagrante par la Corée du Nord des résolutions du conseil de sécurité", évoquant dans un communiqué de l'Élysée "une provocation insensée". Elle appelle à une réaction "rapide et sévère" de la communauté internationale au conseil de sécurité de l'ONU.
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La Chine, principale alliée de la Corée du Nord, a également "exprimé ses regrets" mais appelé "toutes les parties prenantes" à "répondre à cette situation avec calme". L'entêtement nucléaire de Pyongyang contrarie vraisemblablement la Chine, mais l'idée que le renversement du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un permette l'avènement, à sa frontière, d'une Corée réunifiée alignée sur les États-Unis lui est plus intolérable encore.
"Un objectif de survie du régime de Kim Jung-un"
Le dirigeant nord-coréen n'est cependant pas près de se laisser déloger. Il cherche, par cette nouvelle démonstration de force, à asseoir son pouvoir aux yeux du monde et de son peuple. "Le programme de développement nucléaire et balistique nord-coréen correspond à un objectif de survie du régime de Kim Jung-un, qui considère que seules les armes de destruction massive lui permettront d’éviter le sort d’un Saddam Hussein ou d’un Mouammar Kadhafi", explique Frédéric Ojardias, correspondant de France 24 en Corée du Sud.
Ce dernier estime que les "provocations" de la Corée du Nord doivent aussi et surtout se comprendre dans le cadre de la politique intérieure du pays. Le choix de la date du lancement de la fusée, notamment, ne doit rien au hasard. Ce tir a eu lieu un mois après un essai nucléaire mené par Pyongyang, mais aussi dix jours avant la fête nationale du 16 février, qui marque l'anniversaire de l'ancien dirigeant nord coréen Kim Jong-il, père de l’actuel dirigeant.
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"Ce tir de fusée réussi va donner du grain à moudre à la propagande qui va ainsi pouvoir présenter Kim Jung-un comme le digne héritier de son père, tout à fait légitime à diriger le pays", explique Frédéric Ojardias. Le dirigeant nord-coréen a par ailleurs un autre objectif : l’exceptionnel congrès du parti unique, prévu en mai prochain. "C’est le premier depuis 1980 et il doit permettre au jeune dictateur de cimenter son pouvoir. Avec un essai nucléaire et un essai balistique sous le coude, Kim Jung-un va pouvoir aborder ce congrès en force", poursuit le journaliste.
Avec AFP et Reuters