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Hollande appelle Obama à effacer "pleinement" l'embargo à Cuba

Au cours de la visite officielle du président cubain Raul Castro à Paris, François Hollande a appelé Barack Obama à "effacer l'embargo commercial américain qui frappe Cuba", un "vestige de la guerre froide" selon le chef de l'État français.

François Hollande apporte son soutien franc et massif à Cuba, et pour cela, il n’hésite pas à interpeller directement le président américain Barack Obama. Lors de la visite de Raul Castro à Paris, une première pour un président cubain depuis la venue de son frère Fidel en 1995, le président français a appelé les États-Unis à lever pleinement l'embargo commercial qui frappe Cuba depuis 1962.

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"Le président Obama, qui a fait que l'on progresse, doit (…) aller jusqu'au bout et permettre qu'il puisse y avoir la fin de ce vestige de la guerre froide", a lancé le président français sous les ors de l'Élysée, le 1er février. "Cet embargo, ce blocus doivent être maintenant effacés pour que Cuba prenne pleinement sa place", a-t-il enchaîné à la plus grande satisfaction de son hôte. Cuba "apprécie la position de la France en faveur de la levée du blocus économique américain", a d'ailleurs répondu ce dernier dans la foulée.

À la mi-janvier, Barack Obama avait lui-même appelé une nouvelle fois le Congrès américain à lever l'embargo contre Cuba, un an après l'amorce d'une normalisation diplomatique historique entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide. Mais cet embargo interdit toujours aux Américains d'investir et de faire du tourisme sur l'île.

Création d’un fonds franco-cubain

François Hollande a également annoncé un geste supplémentaire de la France à l'égard de Cuba après la conclusion, le 12 décembre d'un accord sur la dette cubaine due aux créanciers du Club de Paris, avec 8,5 milliards de dollars d'intérêts apurés.

Paris annulera aussi "progressivement les intérêts de retard à mesure que Cuba remboursera les arriérés", a-t-il précisé. Dans le cadre d'une conversion des créances françaises envers Cuba, "un fonds franco-cubain doté de plus de 200 millions d'euros" sera par ailleurs créé "pour accélérer les projets d'investissements de la France à Cuba".

Comme attendu, le président Hollande s'est montré en revanche assez peu disert sur la question du respect des droits de l'Homme à Cuba, déclarant simplement : "Nous n'avons écarté aucun sujet aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique, y compris le droit des personnes". La France, a-t-il ajouté, "y est toujours attachée et le rappelle à chaque instant, dans toutes les circonstances et pour tous les pays".

Une nouvelle page

La visite officielle de Raul Castro à Paris s’est terminée lundi soir par un dîner d'État à l'Élysée, en présence de Jean-Pierre Bel, envoyé personnel du président pour l'Amérique latine et les Caraïbes, Maryse Wolinski, veuve d'un des dessinateurs victimes de l'attaque contre Charlie Hebdo, le cinéaste Costa Gavras, la cantatrice Barbara Hendricks, le DJ David Guetta ou encore Jean-Luc Mélenchon, dirigeant du Parti de gauche.

Plus tôt dans la journée, une demi-douzaine de contrats ont été signés entre des entreprises françaises et l'État cubain. La France entendait renforcer à l'occasion de cette visite la présence de ses entreprises dans un pays qui s'ouvre progressivement à l'économie de marché.

Paris voit en La Havane un "élément clé" de la relance de sa relation avec l'Amérique latine. Comme un lointain écho au voyage historique du général de Gaulle en 1964, le président français effectuera fin février une tournée en Amérique latine qui le conduira au Pérou, en Argentine et en Uruguay.

Avec AFP