logo

Les chefs d'État africains, réunis depuis samedi en sommet à Addis Abeba, en Éthiopie, peinent à s'entendre sur l'éventuel envoi d'une force africaine de maintien de la paix au Burundi, en proie à une crise meurtrière.

L'envoi au Burundi d'une force africaine de maintien de la paix au Burundi, qui connaît un cycle de violences meurtrières, semblait compromis dimanche 31 janvier, alors que la question est au cœur des débats du 26e sommet de l'Union Africaine (UA) qui s'est ouvert à Addis Abeba la veille.

Et pour cause, le représentant de l'UA pour ce petit pays des Grands Lacs a jugé "inimaginable" une telle opération sans le consentement du président Pierre Nkurunziza, qui y est catégoriquement opposé.

En décembre, l'UA avait arrêté le principe du déploiement d'une force de 5 000 hommes au Burundi pour éviter l’éruption de nouvelles violences à grande échelle, voire un génocide, dans ce pays marqué par une guerre civile meurtrière qui, entre 1993 et 2006, a fait 300 000 victimes.

Mais le projet se heurte aux réticences de plusieurs chefs d'État qui mettent en avant l'acceptation de cette force par Bujumbura comme condition sine qua non à son déploiement.

"Il y a eu, je pense, une mauvaise communication. Il n'a jamais été de l'intention de l'Union africaine de déployer une mission au Burundi sans le consentement des autorités burundaises. Cela est inimaginable", a déclaré le représentant spécial de l'UA au Burundi, Ibrahima Fall, dans un entretien diffusé ce dimanche par RFI.

>> À lire sur France 24 : "Le Conseil de sécurité veut convaincre Nkurunziza"

Selon lui, l'UA envisagerait à présent l'envoi d'une "délégation de haut niveau, pour ne pas dire de très haut niveau, au Burundi pour discuter avec les hautes autorités burundaises, pour enclencher une consultation sur cette problématique".

Ibrahima Fall a toutefois précisé qu'il revenait en dernier lieu aux chefs d'État du continent africain de prendre une décision dimanche sur ce dossier controversé. Une majorité des deux-tiers est requise pour autoriser l'envoi de cette mission.

"Il n'y a pas que les Burundais qui sont réticents à cette idée"

Dès vendredi, lors d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, où plusieurs chefs d'État avaient fait part de leur réticence, la possibilité d'un renoncement à l'envoi de cette Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), a pris corps. "Il n'y a pas que les Burundais qui sont réticents à cette idée" de déploiement, avait ainsi souligné le président gambien Yahya Jammeh.

Selon les analystes, une partie des chefs d'État réunis dans la capitale éthiopienne ne souhaitent pas créer un précédent en envoyant des troupes dans un pays sans son aval. "L’argument de ces pays, comme la Gambie et la Guinée équatoriale, qui selon plusieurs sources ont mené l’offensive contre un tel déploiement, c’est de dire qu’il existe un gouvernement au Burundi, et qu’à partir du moment que ce pouvoir refuse l’envoi de troupes, l’UA n’a aucun droit de lui imposer une telle présence", explique Jean-Karim Fall, envoyé spécial de France 24 en Éthiopie.

Et ce, précise-t-il au nom du sacro-saint principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État, cher à l’UA. "Et on le voit ici, ce principe semble totalement paralyser jusqu’ici cette hypothèse".

>> À voir sur France 24 :"Enquête sur les accusations d’exécutions sommaires au Burundi"

Pourtant, le secrétaire général des Nations unies, Ban ki-Moon, avait apporté tout son soutien à cette idée, lors de la cérémonie d'ouverture du sommet. La situation au Burundi nécessite "l'engagement le plus sérieux et le plus urgent", avait-il insisté.

Mais plutôt que de mettre sur pied une nouvelle mission, plusieurs dirigeants ont défendu un renforcement des missions existantes de l'UA, notamment de l'Amisom et ses 22 000 hommes en Somalie. Le Burundi est d'ailleurs un des principaux contributeurs en hommes de l'Amisom, qui tente de débarrasser la Somalie des insurgés islamistes radicaux shebab, responsables en janvier d'une attaque sanglante contre une base de l'armée kényane dans le sud somalien.

Avec AFP