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Une fin de campagne marquée par le clash Bayrou-Cohn Bendit

Accusations de complaisance envers la pédophilie et d'accointance avec Sarkozy ont marqué le débat entre le président du MoDem, François Bayrou, et le leader d'Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, dans l'émission "À vous de juger".

AFP - L'affrontement entre le président du MoDem François Bayrou et le chef de file d'Europe-Ecologie Daniel Cohn-Bendit, qui a tourné à l'empoignade verbale et télévisée jeudi soir, domine la fin de campagne des européennes.

Après le violent échange, sur France 2, entre les deux hommes dont les formations se disputent la troisième place aux européennes de dimanche, les commentaires pleuvaient, ciblant principalement le leader centriste, accusé par son concurrent vert d'avoir "pété les plombs".

Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, faisait part de son "écoeurement" et de son "dégoût" face aux accusations de complaisance envers la pédophilie lancées par M. Bayrou à M. Cohn-Bendit. Hervé Morin, président du Nouveau Centre - composé des ex-bayrouistes ralliés à la majorité présidentielle - parlait d'un homme ayant "perdu tous ses repères politiques", "en voie de chevènementisation complète".

A gauche, Martine Aubry, première secrétaire du PS souhaitait que le débat redevienne "digne", tandis que le porte-parole Benoît Hamon fustigeait "cette race d'hommes politiques prêts à tout pour essayer de gratter une petite place sur l'échiquier". L'eurodéputé assurait que "Nicolas Sarkozy sourit chaque fois qu'il voit ce type d'épisodes".

Des réactions qui ont amené M. Bayrou à renouveler, vendredi matin sur RMC et BFM-TV, ses accusations de "connivence" de la classe politique française. Il a déploré que "tout le monde orchestre une espèce d'indignation de commande autour de Cohn-Bendit et de son cas".

Il a maintenu ses accusations contre le candidat d'Europe Ecologie en Ile-de-France, concernant des écrits sur la sexualité des enfants datant de 1975.

"C'est un livre qui justifie et théorise des pratiques que pour ma part, en tous cas à l'égard d'enfants très jeunes, en bas âge je n'accepterai jamais", a-t-il déclaré. "Si Daniel Cohn-Bendit regrette ce qu'il a écrit, qu'il le dise, qu'il le retire".

En 2001, lors de la première polémique sur son livre, le leader Vert avait déclaré avoir agi "par pure provocation" sur ce qui n'était "pas une réalité" et en avoir "des remords".

"Ca fait des mois que Daniel Cohn-Bendit m'insulte à longueur de meetings, y compris sur des sujets personnels et sensibles comme la religion" a aussi expliqué le leader centriste, un catholique pratiquant.

En meeting à Toulouse le 8 avril, l'ex-leader de mai 68 avait affirmé que le président du MoDem, qui "ne pense qu'à la présidentielle", avait "été touché par la Vierge".

Daniel Cohn-Bendit de son côté s'est employé à calmer le jeu. "Il y a eu un moment très dur. On va discuter de ça après", a-t-il déclaré sur France Inter. "Dans ma vie, je me suis engueulé avec beaucoup de gens et j'ai continué à discuter, et on verra".

Il a toutefois maintenu ses critiques contre "l'obsession présidentielle" de M. Bayrou. "Le système français rend ceux qui rêvent ou croient pouvoir être président un peu malades", a-t-il dit.

Europe Ecologie et le Mouvement Démocrate sont au coude à coude dans les derniers sondages sur le scrutin du 7 juin. Un sondage TNS Sofres jeudi donnait les Verts en tête de 2,5 points, tandis qu'un CSA vendredi donne au MoDem un avantage de 3 points.